Aperçu des différents appuis de la Défense à l’Ukraine
En 2014, la Russie envahissait déjà une partie du territoire ukrainien, la Crimée, avant de l’annexer. Le 24 février 2022, la Russie franchissait à nouveau une ligne rouge en envahissant l’Ukraine. La communauté internationale condamnait alors immédiatement cet acte d’agression non provoqué et injustifié constituant par ailleurs une grave menace pour la sécurité euro-atlantique. Depuis, le soutien des pays occidentaux à l’effort de guerre ukrainien ne s’est pas démenti.
Mise à jour du 13 juillet 2024 : Ludivine Dedonder, ministre de la Défense : « C’est avec une grande satisfaction que je vous annonce que le dernier patient ukrainien soigné au Centre des Grands Brûlés de l’hôpital militaire de Neder-Over-Heembeek a terminé sa rééducation et a pu regagner l’Ukraine. Cet homme faisait partie des soldats de première ligne évacués d’Ukraine, accueillis en Belgique et ayant bénéficié de nos soins et de notre expertise nationale en matière de traitement des brûlures. Je tiens à exprimer ma profonde gratitude au personnel de l’hôpital militaire pour les excellents soins prodigués aux victimes.
Depuis le début de la guerre menée par la Russie en Ukraine, la Belgique, ses partenaires et ses alliés soutiennent l’Ukraine au nom de la solidarité entre pays démocratiques, s’opposant ainsi aux régimes autoritaires. La Belgique et la Défense restent résolument engagées à soutenir l’Ukraine, son peuple et ses forces armées. »
Au lendemain de l’invasion, le dispositif de l’OTAN, jusque-là un dispositif de dissuasion et de démonstration de la solidarité, est passé à un dispositif de défense collective auquel la Belgique participe, aux côtés de nombreux partenaires. Quatre nouveaux groupements tactiques (battlegroups) de l’OTAN ont été mis sur pied par la suite : en Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie. Ils s’ajoutent aux quatre battlegroups qui étaient déjà présents dans les pays baltes et en Pologne.
Depuis, les Alliés et les partenaires de l’OTAN et de l’UE apportent un soutien sans précédent à l’Ukraine (envoi de matériel, sanctions économiques envers la Russie, accueil de réfugiés ukrainiens, déploiement de militaires dans le cadre de missions de dissuasion et de défense, etc.), afin qu’elle puisse se défendre, et s’imposer en tant que nation indépendante et souveraine.
La Belgique, en tant que membre solidaire de l’OTAN, soutient elle aussi l’Ukraine, sa population et ses forces armées depuis le début, et cela, en étroite collaboration avec les pays partenaires et alliés. Aperçu.
Pas le temps de tout lire ? Voici un résumé du soutien en cours à l’heure actuelle, ou à venir.
- Environ 300 militaires sont actuellement déployés dans le cadre du NATO Multinational Battlegroup Romania. Il s’agit de renforcer le flanc Est de l’OTAN à des fins de défense et de dissuasion.
- Les livraisons de matériel militaire continuent sur base régulière.
- Nos militaires forment, dans différents domaines, des militaires ukrainiens, aussi bien en Belgique qu’à l’étranger. On peut par exemple citer des formations concernant la survie, évacuation/évasion, résistance et extraction (SERE), des formations dans le domaine naval, des formations au déminage, etc.
- La Belgique participe également à la coalition F16 et différentes formations pour les pilotes, techniciens et planificateurs de mission sont en cours ou sont planifiées.
Le déploiement de militaires pour renforcer le flanc est de l’OTAN
La Défense participait déjà régulièrement au dispositif de dissuasion et de démonstration de solidarité de l’OTAN sur son flanc Est, via les missions enhanced Forward Presence (eFP), Baltic Air Policing (BAP) et Enhanced Air Policing (EAP). Ainsi, avant l’éclatement du conflit, la Défense avait déjà prévu de déployer en 2022 un détachement d’environ 150 militaires en Lituanie pour la mission eFP et une cinquantaine d’autres pour EAP en Estonie.
L’OTAN et ses pays membres se tenaient également prêts en cas d’escalade : des militaires étaient affectés chaque année à la Force de réaction de l’OTAN (Nato Response Force – NRF) afin d’être déployés en cas de besoin.
Au lendemain de l’invasion russe, cette force de réaction rapide a été activée pour la première fois, plaçant l’OTAN dans un dispositif de défense collective.
C’est dans ce cadre que 300 militaires belges ont été déployés en Roumanie, à Constanta, début mars 2022. Sous commandement français, ils y sont restés jusque fin juin. Au programme : protection et dissuasion.
Par la suite, une septantaine de militaires (principalement du Génie) ont pris le relais, jusque décembre. Leur mission était cette fois de participer à la construction d’infrastructures supplémentaires dans le camp de Cincu.
Depuis juillet 2023, nos militaires sont à nouveau déployés en Roumanie pour une durée minimale d’un an, dans le cadre du NATO Multinational Battlegroup.
C’est également dans ce cadre que sont déployés des militaires en Lituanie depuis aout 2023.
En parallèle de cet appui terrestre, la mission, déjà en cours au moment du début de conflit, de nos militaires et F-16 en Estonie a été prolongée. Ils effectuaient entre autres des Combat Air Patrol – vols de patrouilles- et des vols de durée plus importante. Le temps de réaction est évidemment plus court quand le F-16 est en vol.
Par la suite, la mission enhanced Vigilance Activities (eVA), autre réponse de l’OTAN à l’invasion russe en Ukraine, a vu le jour. La Défense a continué de déployer 4 F-16 ainsi qu’un détachement de 70 personnes, d’avril à juillet 2022, en Estonie, afin de répondre à d’éventuelles violations de l’espace aérien et de dissuader toute forme d’agression. D’octobre à novembre 2022, environ 95 militaires et 6 F-16 ont à nouveau été déployés en Estonie dans le cadre d’eVA.
Quatre de nos F16 ont à nouveau été déployés, en Lituanie cette fois, à partir de décembre 2023 pour une durée de quatre mois. Ils faisaient à nouveau partie de la mission Baltic Air Policing (BAP).
À noter, et ce n’est pas sans importance, que des chasseurs de mines ont également été déployés dans le cadre de la NRF dès 2022, en 2023 et le sont à nouveau en 2024.
Découvrez un aperçu plus détaillé du déploiement militaire belge dans le cadre du renforcement de l’OTAN sur le flanc est.
Un appui médical
L’accueil des patients ukrainiens s’inscrit dans le cadre d’une solidarité européenne.
À quatre reprises, l’hôpital militaire a servi de plateforme d’accueil où les patients ukrainiens et leurs proches étaient enregistrés et transférés vers d’autres hôpitaux belges.
Le 30 novembre 2022, cinq patients ukrainiens victimes de brûlures ont cette fois été admis à l’hôpital militaire, au sein du centre de grands brûlés. Le dernier patient est rentré en Ukraine en juillet 2024.
L’envoi de matériel
Le montant total de l’appui militaire (approuvé) à l’Ukraine depuis 2022 s’élève à plus d’1,2 milliards d’euros.
Nous avons non seulement fourni du matériel mais aussi contribué à l’acheminement sur place de celui fourni par d’autres acteurs. Parmi le matériel fourni par la Défense, ou qui le sera prochainement, on peut citer : de l’armement automatique léger avec munitions, des mitrailleuses avec munitions, de l’équipement médical individuel, de l’équipement de protection balistique (casques, gilets pare-balles et pare-éclats), du matériel d’observation et d’orientation, des mortiers lourds avec munitions, des armes antichars, des moyens de défense antiaérienne, des ambulances, des camions logistiques, des laboratoires mobiles, des drones sous-marins, des camions-citernes, des véhicules Lynx, des bangalores (matériel de bréchage de champ de mines) ,des systèmes de communication pour les véhicules M113, des vêtements d’hiver ainsi qu’un grand lot d’explosif TNT (fortement demandé par l’Ukraine).
Depuis le début du conflit, la Belgique analyse ses stocks mais aussi ce qu’il est possible de fournir au niveau de ses industries de défense et de sécurité. Il s’agit non seulement d’analyser les besoins et demandes des Ukrainiens en fonction de l’évolution sur le terrain mais aussi de s’assurer qu’il y ait un équilibre entre ce qui est fourni par les différents membres du groupe de contact, où sont coordonnés les appuis des différents pays membres (plus d’une cinquantaine). Il est également important de ne pas mettre en péril notre opérationnalité.
Appui en matière de formation
La Défense participe à la formation de militaires ukrainiens via l’European Military Assistance Mission in support of Ukraine (EUMAM), dont la mise en place a été décidée le 17 octobre 2022 par l’Union européenne. 30.000 militaires ukrainiens devraient être formés sur le sol de l’Union européenne.
Une série de formations spécialisées sont planifiées ou ont déjà eu lieu, principalement dans les domaines terrestre, maritime et médical, tant en Belgique qu’à l’étranger.
Des formations ont également lieu dans le cadre de la coalition F-16 (voir ci-dessous).
Au total, ce sont plus de 2.200 militaires ukrainiens qui ont été formé par la Belgique.
Coalition F-16 / Air Force Capability
Depuis le 11 juillet 2023, la Belgique fait officiellement partie de la coalition internationale F-16, à ce jour composée de 12 pays. L’objectif est de doter l’Ukraine d’une flotte d’avions de combat capable d’assurer l’intégrité de son territoire et la protection de son espace aérien, ainsi que de contribuer à la sécurité du peuple ukrainien.
A cet égard, plusieurs formations – pour les pilotes, les techniciens et les planificateurs de missions- ont eu lieu fin 2023 et sont prévues en 2024. Début octobre 2023, la conversion sur F-16 de pilotes américains et norvégiens venait par ailleurs de se terminer en Belgique, afin qu’ils puissent par la suite former des pilotes ukrainiens.
La Défense mettra également en œuvre ce qui est nécessaire pour rendre possible la cession d’avions F-16 à l’Ukraine à l’horizon 2025, en fonction de la montée en puissance du F35, notre nouvel avion de chasse, et de la disponibilité de pièces de rechange critiques.
Un stock de pièces de rechange critiques sera constitué afin de garantir l’opérationnalité de la flotte F-16 jusqu’à la fin de la transition vers le F-35A. Il ne sera plus nécessaire de cannibaliser les vieux appareils.
Maritime Capability Coalition
La Belgique a exprimé son intérêt à se joindre à la Coalition des capacités maritimes. Elle contribuera à cette coalition en aidant l’Ukraine à mettre en place ses capacités navales de lutte contre les mines en étroite coopération avec les Pays-Bas et le Royaume Uni.
La Belgique et les Pays-Bas fourniront à l’Ukraine 3 navires de lutte contre les mines, un navire sera donné par la Belgique, les deux autres navires étant offert par les Pays-Bas. Tous les navires seront entretenus dans un chantier naval en Belgique avant le don. La Belgique prévoit de fournir 240 robots sous-marins pour détruire les mines marines.
La formation et l’entraînement seront dispensés dans le cadre d’un cadre binational.
IT Coalition
La Belgique participe à la Coalition des Technologies de l’Information (IT Coalition) qui sera dirigée par l’Estonie et le Luxembourg.
L’objectif de cette Coalition est de construire une infrastructure des Technologies de l’Information et de la Communication sûre et fiable pour le Ministère de la Défense de l’Ukraine et les Forces Armées ukrainiennes afin de permettre à l’Ukraine d’être plus efficace sur le champ de bataille et d’améliorer la collaboration et la connectivité. Le résultat final recherché est de permettre le déploiement et l’interopérabilité des systèmes C2 (Command and Control) ; la connaissance situationnelle du terrain ; l’appui au combat ; les systèmes de gestion des ressources de défense ; la création d’un réseau sécurisé ; la standardisation des solutions ICT au sein de la structure C2 et la centralisation de la protection cyber.
La mise en œuvre du projet se fera par étapes, en commençant par les besoins les plus critiques, ce qui permettra aux pays donateurs de sélectionner des délivrables spécifiques auxquels ils souhaitent contribuer.
Coalition Artillerie
La Défense belge prévoit la livraison à court terme de munitions d’artillerie provenant des stocks et la participation à l’initiative de la Tchéquie pour la livraison de munitions de 152 et 155 mm.
UDCG – Coalition capacitaire IAMD (Integrated Air and Missile Defence)
La Belgique a signé le 14 février 2024 une lettre d’intention de participation à cette coalition.
L’objectif est de participer à cette coalition en tant qu’observateur afin d’échanger des informations et de suivre l’évolution dans ce domaine dans le cadre de la mise au point de la capacité belge SAM (missile sol-air).
Par sa participation, la Belgique souhaite montrer son attachement à l’appui global apporté à l’Ukraine.
Coalition déminage
La Lituanie a invité la Belgique à se joindre à la Coalition pour le déminage dont l’objectif principal est de former et équiper les unités militaires de l’Ukraine pour le déminage dans les zones libérées à proximité des zones de contact. Une lettre d’intention a été signée le 14 février 2024.
Accueil des réfugiés
La Défense soutient les autorités fédérales et fédérées compétentes dans un effort coordonné pour gérer la crise des réfugiés. Comme pour la crise COVID et celle liée aux inondations de 2021, la Défense participe activement aux différentes coordinations gérées par le Centre de crise National afin d’optimiser la contribution demandée.
La Défense belge facilite également les contacts entre les industries de défense belge et ukrainien par le biais du réseau des Directeur nationaux de l’Armement et ce afin de stimuler réaliser des partenariats industriels. Ce soutien continuera aussi longtemps que cela sera nécessaire. Les intérêts de l’Ukraine sont en effet les nôtres. Ce sont nos valeurs, nos modes de vie, nos libertés qui sont en jeu.