80 ans après : la mémoire de la Seconde Guerre mondiale à l’honneur ce 21 juillet

À l’occasion du 80ème anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale, le défilé militaire du 21 juillet rendra un hommage exceptionnel à cette période charnière. « Des véhicules d’époque et des vétérans seront présents », a annoncé lundi le lieutenant-général Frédéric Goetynck, vice-chef de la Défense.

 

Deux thématiques sont mises à l’honneur cette année lors de la Fête nationale : la présence des femmes au sein de la Défense depuis 50 ans (Beldefnews | 50 ans d’engagement des femmes à la Défense),  et les 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Une occasion pour nous de replonger dans le passé.

 

Les années 40

 

Au Musée royal de l’Armée et d’Histoire militaire, au Cinquantenaire, nous retrouvons l’historien Kevin Gony, responsable de l’exposition 40-45. Cette exposition, qui occupe tout un étage du musée, est le fruit de dix années de travail, mêlant recherches scientifiques, scénographie et récit historique. « Le parcours aborde les périodes de l’entre-deux-guerres, le début du conflit, l’occupation, la vie quotidienne des Belges, la répression allemande, la Shoah, et même la guerre dans le Pacifique », détaille-t-il.

 

« Au début de la guerre, la majorité des Belges continuaient à travailler et à survivre sans s’exposer. Une minorité rejoignait la résistance ou collaborait. La résistance prenait surtout la forme de renseignement, d’aide aux aviateurs alliés ou de presse clandestine », précise l’historien.

 

Le tournant de 1942 et la libération

 

De Zagreb à Paris, l’Europe est sous domination nazie. Mais le rêve pangermanique bat de l’aile dès 1942 lorsque les Anglo-Américains débarquent en Afrique et que les Soviétiques tiennent bon à Stalingrad. Le débarquement de Normandie, en 1944, vient enfin prendre les forces allemandes en tenaille, les Soviétiques progressant à l’Est.

 

La presse de l’époque témoigne de la délivrance : « Septembre 1944 marqua pour les Belges la fin de l’oppression nazie. C’en était fait de l’esclavage, de la misère, de la faim. C’en était fait de la Gestapo, des dénonciations, des arrestations à l’aube, des fusillades, des déportations et des angoisses. »  Les journaux décrivent également les horreurs des camps : « Monceaux de cadavres décharnés, potences, salles de torture, poteaux sanglants, fours crématoires, chambres à gaz, et milliers de prisonniers-squelettes, témoins de ce que le monde ne voulait croire. »

 

Bruxelles est libérée le 3 septembre 1944. « Ce même jour, la 1st Belgian Infantry Brigade (Brigade Piron) entre sur le territoire belge et défilera dans la capitale le lendemain », précise Kevin.

 

Renaissance de l’armée belge

 

La Belgique prépare alors sa reconstruction militaire. « Cinq brigades d’infanterie se forment en Irlande du Nord, composées de volontaires et de miliciens. Elles poseront les bases de la nouvelle armée belge », explique Kevin Gony.

 

Ces unités ne jouent pas qu’un rôle symbolique. « Le 17ème Bataillon de Fusiliers assure, le 6 mai 1945, la libération de Pilsen (Tchécoslovaquie) », rappelle-t-il (Beldefnews | Commémorations pour les 80 ans de la libération de Pilsen)

 

Le 8 mai est proclamé jour de la Victoire en Europe. Les Soviétiques sont à Berlin, les Britanniques à Hambourg, les Américains à Munich, les Français à Stuttgart. Les Belges, eux, occupent une zone britannique en Allemagne, de Dortmund à Soest. Une répartition qui instaure  les prémices de la guerre froide.

 

Nous ne sommes plus en paix

 

« Aujourd’hui, la guerre fait de nouveau rage aux portes de l’Europe et on aurait aimé ne plus jamais la voir revenir. C’est l’occasion de se souvenir que des gens ont offert leur vie pour des valeurs fondamentales comme la démocratie et la liberté », rappelle le lieutenant-général Frédéric Goetynck.

 

La question se pose : ne vivons-nous pas une époque semblable à celle de l’entre-guerre ?

 

L’historien Kevin Gony nuance : « Tout le monde le voit, une résurgence du fascisme est là, mais on ne peut pas faire d’histoire comparative : les caractéristiques sont différentes. Ce que l’on observe aujourd’hui, et auquel nous pouvons faire un parallèle, c’est la montée des régimes autoritaires, l’émergence d’un « homme providentiel », la méfiance envers les élites et la circulation massive des théories du complot. »

 

Et la solution ? « Une véritable éducation politique et un effort constant de vérification des faits. Pas seulement en politique, mais dans tous les aspects de la vie quotidienne. »

 

Le War Heritage Institute, gardien de la mémoire

 

Le War Heritage Institute (WHI) regroupe cinq sites emblématiques qui invitent à se souvenir, à briser le silence de l’ignorance et à prévenir la répétition des erreurs du passé.

 

Le Musée royal de l’Armée retrace l’histoire militaire de la Belgique, de l’armure médiévale au F-16, avec plus de 130 avions exposés. Les Bastogne Barracks plongent les visiteurs au cœur de la bataille des Ardennes, tandis que le bunker de Kemmel contient les secrets de la guerre froide.

 

Le sinistre Fort de Breendonk témoigne de la brutalité du régime nazi : dortoirs glacés, salles de torture, cour d’exécution. Et enfin, le Boyau de la Mort, dernier réseau de tranchées belges encore conservé, rappelle avec force les combats de la Première Guerre mondiale.

 

Le saviez-vous ? Le War Heritage Institute est un organisme parastatal de la Défense, tout comme l’Institut géographique national. On y trouve ainsi également des militaires parmi le personnel.

 

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Y. Willems

WHI, Jérusalem Destercke-Hock & Lucia Gaggero