Apprendre à survivre en mer : immersion des élèves pilotes à Zeebruges

Les 9 et 10 juillet, de jeunes pilotes en formation ont délaissé un instant leurs cockpits pour relever un tout autre défi. Aux côtés de futurs membres d’équipage, ils ont participé au module Sea Survival Initial Course, une étape indispensable pour tout aviateur militaire. À Zeebruges, cette formation mêlant théorie, exercices en piscine et entraînement en mer a été rendue possible grâce au soutien logistique d’un navire de la Marine.

 

La première journée a été consacrée aux bases théoriques et à l’entraînement en piscine. Les élèves ont sauté en eau profonde, nagé avec une combinaison étanche et embarqué dans un radeau de survie. Le lendemain, place à la mise en œuvre, grandeur nature, au large de Zeebruges, sous l’œil attentif des instructeurs SERE (Survival, Evasion, Resistance, Extraction) de la Composante Air et Espace, et avec l’appui du patrouilleur Castor de la Marine.

 

«Je voulais avant tout acquérir des connaissances concrètes de survie en mer », explique un élève pilote. « Si on se retrouve dans une situation critique sans les bonnes techniques, notamment contre l’hypothermie, on risque de sombrer très vite. »

 

« Je voyais cet exercice comme un mélange entre une activité de cohésion et un stage d’aguerrissement », poursuit l’élève. «Mais il m’a rendu plus confiant à l’idée de survoler de grandes étendues d’eau. Je sais maintenant utiliser le kit de survie et je connais les gestes à faire. »

 

Pourquoi cette formation est-elle cruciale ?

 

Le commandant du centre de formation à la survie détaille les enjeux : « Environ 72 % de la surface du globe est recouverte d’eau. Nos pilotes volent donc très souvent au-dessus de zones maritimes. Même si les incidents restent rares, il suffit d’un problème technique ou d’une attaque ennemie pour qu’un équipage doive amerrir. Dans ces situations, il faut pouvoir survivre jusqu’à l’arrivée des secours. »

 

Même si, heureusement, aucun pilote belge n’a dû appliquer ces procédures récemment, cette formation répond aussi à des obligations internationales et reste indispensable pour préparer les futurs aviateurs aux pires scénarios.

 

Une expérience marquante

 

Au-delà de l’aspect technique, l’exercice est aussi l’occasion d’une première collaboration concrète entre élèves pilotes et marins. « C’est la première fois que je travaille avec la Marine sur le terrain », raconte le futur pilote.

 

Le module se termine par un scénario réaliste. Les élèves doivent sauter à l’eau, rejoindre un radeau, signaler leur position et, enfin, être récupérés par le navire de la Marine. « À la fin du cours, ils doivent savoir exécuter tous ces gestes », souligne le commandant SERE. « Mais la principale difficulté pour certains, c’est le mal de mer, qui surprend beaucoup d’élèves et rend la tâche plus éprouvante qu’on ne l’imagine. »

 

Une leçon de sang-froid

 

Entre cohésion, apprentissage technique et gestion du stress, cette immersion en mer est bien plus qu’une formalité. Comme le résume parfaitement un élève pilote : « L’essentiel, c’est d’apprendre ces techniques pour être capable d’utiliser le matériel le jour où ce serait nécessaire. »

 

Une préparation d’autant plus essentielle que les prochains mois verront aussi l’arrivée des premiers F-35 en Belgique, marquant une nouvelle étape pour ces jeunes aviateurs et pour l’avenir de la Composante Air et Espace.

Camille Henry

François Christyn Comte de Ribaucourt

Clint Soete