
Aperçu des différents appuis de la Défense à l’Ukraine
En 2014, la Russie envahissait déjà une partie du territoire ukrainien, la Crimée, avant de l’annexer. Le 24 février 2022, la Russie franchissait à nouveau une ligne rouge en envahissant l’Ukraine. La communauté internationale condamnait alors immédiatement cet acte d’agression non provoqué et injustifié constituant par ailleurs une grave menace pour la sécurité euro-atlantique. Depuis, le soutien des pays occidentaux à l’effort de guerre ukrainien ne s’est pas démenti.
Au lendemain de l’invasion, le dispositif de l’OTAN, jusque-là un dispositif de dissuasion et de démonstration de la solidarité, est passé à un dispositif de défense collective auquel la Belgique participe, aux côtés de nombreux partenaires. Quatre nouveaux groupements tactiques (battlegroups) de l’OTAN ont été mis sur pied par la suite : en Bulgarie, Hongrie, Roumanie et Slovaquie. Ils s’ajoutent aux quatre battlegroups qui étaient déjà présents dans les pays baltes et en Pologne.
Depuis, les Alliés et les partenaires de l’OTAN et de l’UE apportent un soutien sans précédent à l’Ukraine (envoi de matériel, sanctions économiques envers la Russie, accueil de réfugiés ukrainiens, déploiement de militaires dans le cadre de missions de dissuasion et de défense, etc.), afin qu’elle puisse se défendre, et s’imposer en tant que nation indépendante et souveraine.
La Belgique, en tant que membre solidaire de l’OTAN, soutient elle aussi l’Ukraine, sa population et ses forces armées depuis le début, et cela, en étroite collaboration avec les pays partenaires et alliés. Aperçu.
Pas le temps de tout lire ? Voici un résumé du soutien en cours à l’heure actuelle, ou à venir.
- Des militaires sont actuellement déployés dans le cadre des Forward Land Forces, aussi bien en Roumanie (environ 270) qu’en Lituanie (environ 250). Il s’agit de renforcer le flanc Est de l’OTAN à des fins de défense et de dissuasion.
- Un chasseur de mines, le BNS CROCUS, est déployé dans le SNMCMG1.
- Une septantaine de militaires et 4 F-16 seront déployés à partir de décembre en Lituanie pour la mission Baltic Air Policing.
- Les livraisons de matériel militaire continuent sur base régulière.
- Nos militaires forment, dans différents domaines, des militaires ukrainiens, aussi bien en Belgique qu’à l’étranger. On peut par exemple citer des formations concernant la survie, évacuation/évasion, résistance et extraction (SERE), des formations dans le domaine naval, des formations au déminage, etc.
- La Belgique participe également à la coalition F16 et différentes formations pour les pilotes, techniciens et planificateurs de mission sont en cours ou sont planifiées.
- Un militaire ukrainien est toujours hospitalisé au Centre de grands brûlés de l’Hôpital Militaire Reine Astrid où il reçoit les meilleurs soins.
Le déploiement de militaires pour renforcer le flanc Est de l’OTAN
La Défense participait déjà régulièrement au dispositif de dissuasion et de démonstration de solidarité de l’OTAN sur son flanc Est, via les missions enhanced Forward Presence (eFP), Baltic Air Policing (BAP) et Enhanced Air Policing (EAP). Ainsi, avant l’éclatement du conflit, la Défense avait déjà prévu de déployer en 2022 un détachement d’environ 150 militaires en Lituanie pour la mission eFP et une cinquantaine d’autres pour EAP en Estonie.
L’OTAN et ses pays membres se tenaient également prêts en cas d’escalade : des militaires étaient affectés chaque année à la Force de réaction de l’OTAN (Nato Response Force – NRF) afin d’être déployés en cas de besoin.
Au lendemain de l’invasion russe, cette force de réaction rapide a été activée pour la première fois, plaçant l’OTAN dans un dispositif de défense collective.
C’est dans ce cadre que 300 militaires belges ont été déployés en Roumanie, à Constanta, début mars 2022. Sous commandement français, ils y sont restés jusque fin juin. Au programme : protection et dissuasion.
Par la suite, une septantaine de militaires (principalement du Génie) ont pris le relais, jusque décembre. Leur mission était cette fois de participer à la construction d’infrastructures supplémentaires dans le camp de Cincu.
Depuis juillet 2023, nos militaires sont à nouveau déployés en Roumanie pour une durée minimale d’un an, dans le cadre des Forward Land Forces.
C’est également dans ce cadre que sont déployés des militaires en Lituanie depuis aout 2023.
En parallèle de cet appui terrestre, la mission, déjà en cours au moment du début de conflit, de nos militaires et F-16 en Estonie a été prolongée. Ils effectuaient entre autres des Combat Air Patrol – vols de patrouilles- et des vols de durée plus importante. Le temps de réaction est évidemment plus court quand le F-16 est en vol.
Par la suite, la mission enhanced Vigilance Activities (eVA), autre réponse de l’OTAN à l’invasion russe en Ukraine, a vu le jour. La Défense a continué de déployer 4 F-16 ainsi qu’un détachement de 70 personnes, d’avril à juillet 2022, en Estonie, afin de répondre à d’éventuelles violations de l’espace aérien et de dissuader toute forme d’agression. D’octobre à novembre 2022, environ 95 militaires et 6 F-16 ont à nouveau été déployés en Estonie dans le cadre d’eVA.
Quatre de nos F16 seront à nouveau déployés, en Lituanie cette fois, à partir de décembre 2023 pour une durée de quatre mois. Ils feront à nouveau partie de la mission Baltic Air Policing (BAP).
À noter, et ce n’est pas sans importance, que des chasseurs de mines ont également été déployés dans le cadre de la NRF dès 2022, et le sont à nouveau en 2023.
Découvrez un aperçu plus détaillé du déploiement militaire belge dans le cadre du renforcement de l’OTAN sur le flanc est.
Un Appui médical
L’accueil des patients ukrainiens s’inscrit dans le cadre d’une solidarité européenne.
À quatre reprises, l’hôpital militaire a servi de plateforme d’accueil où les patients ukrainiens et leurs proches étaient enregistrés et transférés vers d’autres hôpitaux belges.
Le 30 novembre 2022, cinq patients ukrainiens victimes de brûlures ont cette fois été admis à l’hôpital militaire, au sein du centre de grands brûlés.
L’envoi de matériel
Conformément aux dernières déclarations politiques, à ce jour, l’aide à l’Ukraine imputée à la Défense s’élève à 280 millions d’euros.
Nous avons non seulement fourni du matériel mais aussi contribué à l’acheminement sur place de celui fourni par d’autres acteurs. Parmi le matériel fourni par la Défense, ou qui le sera prochainement, on peut citer : de l’armement automatique léger avec munitions, des mitrailleuses avec munitions, de l’équipement médical individuel, de l’équipement de protection balistique (casques, gilets pare-balles et pare-éclats), du matériel d’observation et d’orientation, des mortiers lourds avec munitions, des armes antichars, des moyens de défense antiaérienne, des ambulances, des camions logistiques, des laboratoires mobiles, des drones sous-marins ainsi que des vêtements d’hiver.
Depuis le début du conflit, la Belgique analyse ses stocks mais aussi ce qu’il est possible de fournir au niveau de ses industries de défense et de sécurité. Il s’agit non seulement d’analyser les besoins et demandes des Ukrainiens en fonction de l’évolution sur le terrain mais aussi de s’assurer qu’il y ait un équilibre entre ce qui est fourni par les différents membres du groupe de contact, où sont coordonnés les appuis des différents pays membres (plus d’une cinquantaine). Il est également important de ne pas mettre en péril notre opérationnalité.
Appui en matière de formation
La Défense participe à la formation de militaires ukrainiens via l’European Military Assistance Mission in support of Ukraine (EUMAM), dont la mise en place a été décidée le 17 octobre 2022 par l’Union européenne. 15.000 militaires ukrainiens devraient être formés sur le sol de l’Union européenne.
Une série de formations spécialisées sont planifiées ou ont déjà eu lieu, principalement dans les domaines terrestre et médical, tant en Belgique qu’à l’étranger.
Des formations ont également lieu dans le cadre de la coalition F-16 (voir ci-dessous).
Coalition F-16
Depuis le 11 juillet 2023, la Belgique fait officiellement partie de la coalition internationale F-16, à ce jour composée de 12 pays. L’objectif est de doter l’Ukraine d’une flotte d’avions de combat capable d’assurer l’intégrité de son territoire et la protection de son espace aérien, ainsi que de contribuer à la sécurité du peuple ukrainien.
A cet égard, plusieurs formations – pour les pilotes, les techniciens et les planificateurs de missions- sont prévues fin 2023 et en 2024. Début octobre 2023, la conversion sur F-16 de pilotes américains et norvégiens venait par ailleurs de se terminer en Belgique, afin qu’ils puissent par la suite former des Ukrainiens.
La Défense mettra également en œuvre ce qui est nécessaire pour rendre possible la cession d’avions F-16 à l’Ukraine à l’horizon 2025, en fonction de la montée en puissance du F35, notre nouvel avion de chasse, et de la disponibilité de pièces de rechange critiques.
Un stock de pièces de rechange critiques sera constitué afin de garantir l’opérationnalité de la flotte F-16 jusqu’à la fin de la transition vers le F-35A. Il ne sera plus nécessaire de cannibaliser les vieux appareils.
Accueil des réfugiés
La Défense soutient les autorités fédérales et fédérées compétentes dans un effort coordonné pour gérer la crise des réfugiés. Comme pour la crise COVID et celle liée aux inondations de 2021, la Défense participe activement aux différentes coordinations gérées par le Centre de crise National afin d’optimiser la contribution demandée.
Ce soutien continuera aussi longtemps que cela sera nécessaire. Les intérêts de l’Ukraine sont en effet les nôtres. Ce sont nos valeurs, nos modes de vie, nos libertés qui sont en jeu.



