
Le 3 Para en Norvège : s’adapter, innover, protéger
Quelque 300 militaires, issus du 3e Bataillon de Parachutistes (3 Para) et des unités de soutien, ont pris la direction de Bergen, en Norvège, pour l’exercice Yellow Condor 2025. Une première quinzaine de juillet intensive qui permet de s’entraîner, notamment, à intervenir sur les fleuves et voies navigables, dans la perspective d’une future capacité fluviale.
Dans un contexte géopolitique tendu, cet entraînement prend tout son sens. « Le bataillon doit être capable d’intervenir rapidement, par exemple pour évacuer des ressortissants belges en Afrique ou remplir des missions au sein de l’OTAN », explique le lieutenant-colonel Winnepenninckx, chef de corps du 3 Para. Pour y arriver, chaque militaire doit être prêt à agir de façon autonome et responsable, y compris avec des moyens de communication limités et des unités dispersées. « Cela fait partie de notre ADN. »
« La Norvège offre un environnement exceptionnel », souligne le lieutenant-colonel. « Nous pouvons nous entraîner sur de longues distances, sans contraintes, dans un décor exigeant et varié grâce aux fjords. C’est idéal pour nos plongeurs de combat et nos équipes sur Zodiacs, qui peuvent répéter leurs procédures dans des conditions proches du réel. »
Une nouvelle capacité fluviale
L’édition 2025 de Yellow Condor sert de phase de test pour développer la capacité fluviale des para-commandos. « Nous voulons évoluer d’une capacité amphibie limitée, principalement axée sur les missions en zone côtière, vers la possibilité d’agir également sur les fleuves et voies navigables, en Belgique comme à l’étranger », explique l’officier en charge du peloton bateaux.
Concrètement, il s’agit de pouvoir mener l’ensemble des opérations spéciales sur des rivières, en s’appuyant sur une compagnie d’assaut amphibie et ses moyens spécialisés : équipes de reconnaissance amphibie (ART), snipers, cellules de coordination des appuis feu (JFS) et embarcations.
En Belgique, le manque de grands espaces adaptés limite ce type d’entraînement. En Norvège, au contraire, le relief des fjords offre un cadre idéal pour expérimenter et valider ces nouvelles techniques.
« Nous travaillons encore avec des Zodiacs en fin de vie, mais l’objectif est d’atteindre une nouvelle capacité opérationnelle d’ici 2028-2030 », précise le lieutenant. Ceci implique également l’achat d’un nouveau modèle d’embarcation conçu pour les opérations fluviales et en eaux intérieures, dans le contexte de la capacité dite « riverine ».
La Composante Air, partenaire indispensable
« Travailler avec le 3 Para est essentiel pour nous », explique un pilote d’hélicoptère A109 du 1er Wing (Beauvechain), également présent en Norvège. « Nous nous préparons à accueillir l’hélicoptère H145M, qui sera notamment dédié aux évacuations médicales et au soutien des unités d’opérations spéciales. »
Cet exercice est particulièrement exigeant, les pilotes dorment sous tente sur un aérodrome civil pour rester prêts à décoller à tout moment, et voler de nuit dans un relief contrasté où fjords et montagnes s’élèvent jusqu’à 2000 m. « Cela sort nos équipes de leur cadre habituel et renforce leur capacité à réagir en toutes circonstances », ajoute-t-il.
Les hélicoptères A109 se distinguent par leur fiabilité et leur taille compacte, qui leur permet d’atterrir dans des zones restreintes. Mais au-delà de l’aspect technique, « c’est surtout l’intégration jointe avec les unités au sol qui compte. Notre mission première est de les soutenir. »
Résilience et adaptation
« Les défis restent les mêmes. Il faut s’adapter et opérer des choix sur le terrain face à l’inconnu », conclut le chef de corps du 3 Para. « Mais le contexte mondial et les menaces évoluent, ce qui exige de nous une préparation toujours plus poussée et plus variée. »
En conjuguant adaptation, innovation et coopération interarmées, le 3 Para et ses partenaires confirment ainsi leur rôle essentiel - protéger efficacement la Belgique et ses citoyens, partout dans le monde.









