Le Régiment des Opérations Spéciales aux Etats-Unis : « L’individu est une arme »
Le Régiment des Opérations Spéciales (SO Regt) s’entraîne du 28 octobre au 18 novembre dans la ville américaine de Blythe, à la frontière entre la Californie et l’Arizona. L’accent y est placé sur la réalisation de missions à partir de la troisième dimension, l’espace aérien. Au programme : chute libre militaire et largage à très haute altitude. Des équipes de largage effectuent également des opérations de ravitaillement en vol à cette altitude.
Des parachutes dans un vaste paysage désertique, des palmiers isolés et un imposant A400M qui roule sur la piste : voilà les ingrédients de l’exercice Eager Eagle du SO Regt. C’est ici que les militaires exercent l’une de leurs principales spécialités, très utiles pour atteindre discrètement un objectif : l’insertion de petites équipes par voie aérienne, à très haute altitude.
Pour y parvenir, le SO Regt collabore étroitement avec le 15ème Wing, qui dispose d’avions de transport A400M. L’intégration entre les différentes unités est cruciale à la réussite de telles missions.
Le Régiment des Opérations Spéciales s’entraîne aux Etats-Unis au minimum une fois par an. Le lieu de l’entraînement est déterminé en fonction de la période et des moyens disponibles. Par le passé, l’entraînement s’est déroulé à Yuma et dans le Mississippi. Cette année, le SO Regt collabore pour la première fois avec une entreprise privée dans un contexte non militaire à l’aérodrome de Blythe.
Qualifications
Le Commandant Stijn De Groof, organisateur de l’exercice, explique : « Un objectif majeur est de permettre aux opérateurs d’obtenir leur qualification pour le saut à très haute altitude, ce qui leur donne la possibilité d’effectuer différentes actions à partir de la zone de largage, comme réaliser du sabotage, libérer des otages ou sauver un pilote. » C’est la seule occasion sur l’année de s’entraîner tactiquement à la chute libre militaire.
Espace aérien, météo et opportunités
L’environnement offre un cadre d’entraînement idéal pour plusieurs raisons. « Nous pouvons monter ici jusqu’à 25.000 pieds alors qu’en Europe, l’espace aérien est saturé. Et les opérateurs disposent d’une vaste zone d’entraînement de 50 à 60 kilomètres au sol, avec peu de restrictions », explique le commandant du détachement.
Les bonnes conditions météorologiques ainsi que la qualité des infrastructures sont également des atouts importants pour permettre aux parachutistes de continuer à s’entraîner quand ce n’est plus possible chez nous. On peut également exercer des techniques et procédures spécifiques, comme le ravitaillement en vol à très haute altitude, l’atterrissage sur piste non goudronnée, etc.
Entraînement approfondi en situation réelle
Les principaux acteurs de l’exercice disposent de leur propre centre d’opérations tactiques (Tactical Operations Center) et de scénaristes pour mener à bien une mission complète (full mission profile).
Les 22 zones de largage tactique de la région permettent de s’entraîner en terrain accidenté, le long de montagnes, de rivières ou de vallées. Et l’environnement rural facilite l’intégration de nouveaux objectifs. « Préparer des opérations aussi complexes implique beaucoup de choses. Les compétences individuelles sont essentielles. Un opérateur doit être fort tant sur le plan mental que physique », explique le commandant.
Et les risques ? Ils sont toujours réels, comme en témoigne un moment de commémoration à Yuma, en mémoire d’un collègue du Special Forces Group décédé lors d’un exercice en 2018.
Des pays partenaires côte à côte
Avec la participation de militaires des Etats-Unis et des Pays-Bas, l’intégration de partenaires internationaux est un élément important de l’exercice. « Actuellement, nous pouvons intégrer une équipe américaine à l’un de nos détachements, ce qui permet d’échanger toutes les techniques et procédures et d’apprendre les uns des autres. Dans le futur, la Belgique devra souvent coopérer avec des pays partenaires. Cette coopération permettra de faire en sorte que tout se passe très bien jusqu’au niveau le plus bas », conclut le Commandant De Groof.