Rita Verleyen, première promotion de femmes dans la Force aérienne : « Nous devions prouver trois fois plus »

Lorsque les femmes sont admises pour la première fois à la Défense en 1975, Rita Verleyen est aux premières loges. Déterminée, sans les bons diplômes et contre la volonté de sa mère. « Je le savais déjà enfant : je voulais aller dans la Force aérienne », confie-t-elle.

 

Ayant grandi dans une famille militaire, avec une père travaillant à la section Survival de la Force aérienne, Rita est très tôt fascinée par l’armée. « À huit ans, mon père m’emmenait régulièrement à la base aérienne de Nimègue, aux Pays-Bas. C’est là que j’ai vu pour la première fois des femmes militaires. Je me suis dit : c’est ça que je veux faire ». Dès que les inscriptions furent ouvertes aux femmes, elle se présenta au Petit Château à Bruxelles.

 

Force aérienne ou hôtesse de l’air?

 

Avec quarante autres femmes, Rita commence sa formation de base à Coxyde le 23 juin 1975. « On dormait au-dessus de la chapelle, complètement séparées des hommes. On devait même attendre qu’ils aient fini de manger avant de pouvoir entrer au mess ».

 

En septembre 1975, la première promotion part à Saffraanberg pour suivre une formation de dactylo. « On portait des uniformes bleu clair qu’on devait garder en tout temps, même dans le train ou en terrasse. Tout le monde pensait qu’on était des hôtesses de l’air », raconte Rita en riant. « Mais on était très fières de faire partie de la Force aérienne ».

 

Prouver trois fois plus

 

Après sa formation, Rita débute comme employée dactylo au Centre de médecine aéronautique, puis devient secrétaire d’un colonel. Elle gravit ensuite les échelons en tant que sous-officier et travaille pour le Palais royal, le FONAVIBEL et au service des Relations publiques de la Force aérienne.

 

Qu’il fallait faire ses preuves en tant que femme, Rita ne s’en cache pas. « On devait prouver trois fois plus que les hommes. Mais si tu faisais bien ton travail, tu gagnais le respect ». Elle se souvient d’une démonstration aérienne où elle était la seule femme et devait dormir séparément. « Ce sont les hommes eux-mêmes qui ont dit : qu’elle dorme avec nous dans le bloc. C’est là que tu te rends compte que tu es intégrée et acceptée ».

 

« Montrez ce que vous allez ! »

 

Pour Rita, les choses ont beaucoup évolué. « Au début, les femmes ne pouvaient pas partir en mission à l’étranger. Aujourd’hui, c’est possible. Côté sport, on devait faire exactement les mêmes épreuves que les hommes, ce qui n’était pas toujours réaliste. Cela a fini par changer ».

 

Mais selon elle, il reste encore du chemin. « Les femmes doivent pouvoir montrer ce qu’elles valent, sans devoir se justifier ». Son conseil aux jeunes femmes qui envisagent une carrière militaire est clair : « Ne vous laissez pas faire. Soyez déterminées. Montrez ce que vous valez ! »

Wilge Decraene

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