Tournai accueille le sommet européen de l’impression 3D

Tournai, du 13 au 17 mai, se métamorphose en capitale européenne de l’innovation militaire en accueillant la deuxième édition de l’AM Village. Cet événement d’envergure, placé sous le haut patronage de la présidence belge du Conseil de l’Union européenne, est orchestré par la European Defence Agency (EDA), avec le solide soutien du Multinational Logistic Coordination Center (MLCC).

 

L’AM Village – l’additive manufacturing (AM), plus communément l’impression 3D – offre une tribune à des exposants venus de toute l’Europe pour dévoiler les dernières avancées en la matière dans le domaine militaire. « Les possibilités de la fabrication additive sont innombrables et son évolution dépend d’échanges interarmées. L’impression 3D n’est pas à considérer comme un substitut mais comme un atout précieux », souligne le Colonel Geert Bouchez, futur chef de la Division Systèmes de la Direction Générale Material Resources.

 

« Grâce à cette technologie, nous pouvons fabriquer des pièces de réparation en quelques heures, avec un gain de rapidité et une diminution de l’empreinte carbone », explique la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder. L’innovation collaborative, impliquant les industriels, le monde académique et tous les acteurs concernés, est essentielle. Elle ajoute : « Nous devons renforcer notre autonomie stratégique et favoriser la coopération européenne en matière de défense. »

 

Réparations d’urgence

 

Au cœur de cette rencontre, le rôle vital des imprimantes 3D dans la réparation d’urgence (expedient repair) – l’impression sur place de pièces essentielles, fort utile notamment sur théâtre d’opération.

 

Les réparations d’urgence sont réalisées dans des conditions où le temps et les ressources sont comptés, souvent en périphérie des zones d’opération. Ce processus complexe démarre par l’évaluation de la nécessité de recourir à l’impression 3D pour réparer une pièce défectueuse.

 

Le cas échéant, un processus de scan, de design et de modélisation de la pièce est engagé, suivi du choix minutieux des matériaux, allant du plastique au métal, voire au titane. Le post-traitement, notamment pour les matériaux métalliques, garantit ensuite la qualité et la sécurité de la pièce. Enfin, la réparation proprement dite et les ajustements finaux complètent le processus.

 

Ainsi, une société française, Constructions-3D imprime un bunker de 2 mètres à base de béton en six heures. Celui-ci sera offert à la caserne à la fin du Village. Un représentant de la société déclare : « Notre machine peut être déployée très rapidement et passer à travers les portes. Nous avons principalement travaillé dans le civil, mais nous voyons également des applications potentielles dans le domaine de la défense, car les opérateurs peuvent se tenir à distance pendant qu’elle imprime de manière autonome. »

 

Au programme

 

Pendant ces cinq jours, des experts militaires, industriels et académiques se réunissent pour partager leurs connaissances. Avec des briefings, des séminaires pointus, des ateliers pratiques et des démonstrations, les participants explorent divers sujets tels que les applications de pointe de l’impression 3D pour la maintenance et la réparation des équipements militaires, les dernières avancées dans la dimension numérique de l’AM, jusqu’aux processus spécifiques à l’impression 3D dans le contexte militaire.

 

« Collaborer avec la European Defence Agency (EDA) permet d’apprendre les uns des autres, d’échanger des idées et de développer des méthodes de travail en exploitant l’intelligence collective », témoigne le Commandant Haro Rodriguez Miguel, l’officier de projet pour la capacité d’impression 3D de Rocourt.

 

Et comme le dit la Ministre Dedonder, « c’est toujours mieux de réparer que de remplacer. »

Yuki Willems

Laurent Limelette & Damien Van Laethem (Cab MOD)

EMG & Mathieu Duhembre