Zoom sur le métier de flight surgeon

C’est en 1991, au sortir de ses humanités, que le médecin lieutenant-colonel An Van Rompay entame son parcours à la Défense où elle opte pour la médecine. D’abord médecin de famille, elle est aujourd’hui flight surgeon acutiste, fonction méconnue du grand public.

 

Les flight surgeons ont pour mission de veiller au bien-être des pilotes en cherchant une réponse à leurs besoins ou en les anticipant. Voler en F-16 est, en effet, physiquement très éprouvant.

 

Il s’agit également d’améliorer leur confort ainsi que leur opérationnalité. « Nous travaillons en concertation avec les pilotes. Ils nous signalent ce qui est important, les problèmes rencontrés pendant le vol et nous cherchons une solution adéquate. Comme leur donner des exercices de prévention pour leur nuque (programme Fit4Pilot), prévoir des systèmes pour qu’ils puissent uriner en vol, composer des boîtes de repas bien équilibrés pour des vols de longue durée… Les pilotes ne souhaitaient pas d’aliments qui risquaient de s’émietter car les miettes peuvent pénétrer facilement dans leur tenue et provoquer des désagréments », explique le médecin lieutenant-colonel.

 

« C’est un métier en constante évolution. L’arrivée prochaine des F-35 va d’ailleurs amener son lot de nouveaux problèmes et de sensations pour les pilotes dont les flight surgeons devront s’occuper », précise-t-elle encore.

 

Une contribution essentielle dans la crise du coronavirus

 

Entre la poursuite de certaines activités (vols de Quick Reaction Alert du 2 et 10 Wing, de réapprovisionnement du 15 Wing) mais aussi la mise en place de rapatriements civils, de nombreuses procédures ont dû être revues ou créées. Il était nécessaire de fournir au personnel des équipements de protection, d’organiser les équipes autrement, de réfléchir aux mesures de désinfection des avions mais aussi au dépistage des civils rapatriés.

 

Les flight surgeons avaient cependant un avantage sur le monde hospitalier traditionnel. Ils connaissaient déjà très bien l’hypoxie silencieuse, un manque d’oxygène que le patient ignore. Ce mal est fréquent chez les pilotes qui risquent désormais de cumuler une hypoxie silencieuse due à la Covid-19 à une hypoxie silencieuse survenue en vol.

 

Les membres des Forces Spéciales risquent eux aussi l’hypoxie et la décompression rapide lors de leurs sauts à très haute altitude. Leur protocole de préparation nécessite donc également d’être revu.

 

Enfin, il est important de déterminer l’impact du coronavirus sur l’aptitude médicale au vol du personnel navigant : pendant quelle durée en seront-ils écartés et avec quelles conséquences ? Celles-ci différent selon le type d’appareil piloté.

 

« C’est une période très intense mais aussi très agréable car notre but commun est de nous protéger, protéger les autres mais aussi ceux qui travaillent à l’étranger », précise An Van Rompay avant de conclure sur sa vie militaire. « On vit des moments très difficiles ensemble, d’autres très amusants, il y a un véritable ADN militaire. Et le monde international des flight surgeons, tant sur le plan européen que sur le plan mondial, est très petit. On s’entraide, nos problématiques sont les mêmes. On s’assure tous que les gens soient en sécurité. Quand on a vu des pays en guerre, on sait pourquoi on exerce ce métier ! », conclut-elle en regrettant le manque actuel de médecins formés à la médecine aéronautique.

 

Plus d’infos sur cette spécialisation : https://www.amabel.be/

Julie Debrackeler

Erwin Ceuppens