20 ans de Baltic Air Policing : un anniversaire au parfum belge
Le 29 mars 2004, les Etats baltes, l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie adhèrent officiellement à l’OTAN. Cela lance la mission Baltic Air Policing (BAP) par laquelle les alliés garantissent, à tour de rôle, la sécurité de l’espace aérien des trois pays. La Belgique, avec ses F-16, est le premier membre de l’OTAN à assumer cette fonction depuis la base de Siauliai, en Lituanie. Une grande cérémonie, ce jeudi 28 mars 2024, a marqué cet anniversaire où les Belges ont joué un rôle de premier plan.
Ce sont actuellement environ 70 militaires du 10ème Wing Tactique de Kleine-Brogel qui, avec quatre F-16 et en coopération avec des unités de soutien, garantissent la sécurité de l’espace aérien balte depuis la Lituanie. Au cours de cette 64ème rotation, ils ont déjà effectué plus de 500 heures de vol.
La Composante Air n’en est pas à son coup d’essai. En vingt ans, elle a assuré cette mission seize fois, en s’appuyant non seulement sur le 10ème Wing Tactique mais aussi sur le 2ème Wing Tactique de Florennes.
Près de 200 interceptions
Les pays de l’OTAN doivent être capables de défendre leur espace aérien. Au fil des ans, un système de rotation s’est mis en place pour permettre aux alliés de l’OTAN de contribuer volontairement aux missions de police aérienne dans les trois Etats baltes. Ceux-ci ne disposent pas d’avions de combat.
Depuis Siauliai, les F-16 interceptent les avions qui, par exemple, n’ont pas préalablement soumis leur plan de vol ou qui franchissent la frontière sans préavis. En cas d’alerte, en vertu du mode opératoire Quick Reaction Alert (QRA), l’avion doit pouvoir décoller en 15 minutes. En vingt ans, les Belges ont effectué près de 200 véritables interceptions (Alpha Scrambles).
Un engagement renforcé
Les premières rotations de Baltic Air Policing duraient trois puis, à partir de 2006, quatre mois. Depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014, les bases aériennes d’Ämari (Estonie) et de Malbork (Pologne) sont également mises à contribution pour déployer des moyens de surveillance supplémentaires dans le cadre de la Enhanced Air Policing Mission (EAPM).
L’engagement belge s’est encore renforcé depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en 2022, et ce, dans le cadre de Enhanced Vigilance Activities (eVA). Jusqu’à présent, la Belgique a participé à huit missions à Siauliai, six à Ämari et deux à Malbork.
Cérémonie avec une touche belge
La cérémonie marquant les vingt ans d’adhésion de la Lituanie à l’OTAN présentait dès lors un parfum belge. Le Général-major Harold « Harry » Van Pee était le commandant du détachement en 2004, lorsque les F-16 belges ont été les premiers avions de chasse de l’OTAN à assumer le rôle de police dans l’espace aérien des trois pays baltes. Il est aujourd’hui commandant du Combined Air Operations Centre (COAC) de l’OTAN à Uedem, en Allemagne, en charge de lancer les alarmes QRA.
« Lorsque nous sommes arrivés ici en 2004, c’était un véritable défi. L’OTAN avait décidé tardivement qu’il fallait renforcer les capacités de ses trois nouveaux pays. La piste était pleine de nids-de-poule, il n’y avait pas de taxi tracks, pas de shelters, pas de lutte anti-incendie, …. J’ai eu une semaine pour tout mettre en place avec l’aide du pays hôte lituanien », explique le général. « Aujourd’hui, c’est une base moderne de l’OTAN, entièrement connectée et dotée de toutes les installations possibles. Il est bon de voir que cela est possible. Le commandement et le contrôle sont désormais véritablement intégrés aux systèmes militaires respectifs des États baltes. C’est une grande réussite de l’OTAN. »
Durant la cérémonie, l’actuel commandant du détachement a solennellement remis le drapeau de l’OTAN au Général-major Van Pee. Celui-ci l’a ensuite transmis au président lituanien Gitanas Nauseda, par l’intermédiaire du Chef de la Défense lituanienne.
Enfin, la Belgique et la France ont également remis solennellement le commandement à l’Espagne et au Portugal, qui s’apprêtent à prendre en charge la mission BAP.
Les militaires belges sont fiers de représenter le premier membre de l’OTAN à avoir contribué à cette mission et de montrer encore, vingt ans plus tard, l’engagement de la Belgique à Siauliai.