Près de 4 000 militaires en opération ou exercice

En cette dernière semaine de mars, on ne comptabilise pas moins de 955 militaires belges en mission et 2.955 en exercice. Leur déploiement s’étend à travers l’Europe, l’Afrique et le Moyen-Orient. Aperçu des déploiements principaux.

 

Bien que ces chiffres fluctuent quotidiennement et ne prennent pas en compte les missions temporaires (visites, reconnaissances, etc.), ils témoignent d’une période particulièrement intense pour nos militaires, tant à l’étranger qu’au niveau national.

 

Europe

 

La mission Baltic Air Policing (BAP) de l’OTAN vise à assurer la protection de l’espace aérien des trois Etats baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), qui ne disposent pas de leurs propres avions de combat mais peuvent compter sur le soutien de la communauté internationale, actuellement à travers le déploiement de F-16 belges. Cette opération implique 72 militaires et l’actuelle rotation prendra fin le 1er avril, quelques jours après la commémoration célébrant les 20 ans du début de la mission. C’est d’ailleurs la Belgique qui a fourni le premier détachement de BAP en Lituanie à l’époque.

 

Parallèlement, au Danemark, environ 50 militaires belges dispensent actuellement des formations sur F-16 aux pilotes, planificateurs de missions et techniciens ukrainiens. D’autres missions de formation au profit des Ukrainiens sont également en cours en Europe.

 

La Défense renforce également le flanc Est de l’OTAN depuis les terres avec 444 militaires en Roumanie et en Lituanie. En Roumanie, la Belgique déploie un groupe tactique Combined Arms Tactical Sub-Group (CATSG) sous le commandement de la Brigade française EAGLE. Cette opération s’inscrit dans le dispositif Forward Land Forces (FLF) de l’OTAN, visant à renforcer sa présence à l’Est. Une opération similaire est en cours en Lituanie, sous le commandement d’une Brigade allemande.

 

Le chasseur de mines Crocus, impliquant 45 militaires, est actuellement déployé en Europe, dans le cadre de l’exercice majeur de l’OTAN Steadfast Defender. Il navigue en compagnie d’autres navires de guerre internationaux, et fait partie du Standing NATO Maritime Counter Mine Group 1 (SNMCMG1), chargé en particulier de repérer et neutraliser les engins explosifs et de montrer la présence permanente de l’OTAN en mer.

 

Au Centre de situation maritime pour la lutte contre la piraterie dans la Corne de l’Afrique et à bord du navire Etat-Major de contrôle de l’embargo sur la Lybie, il y a également des militaires belges en permanence.

 

A Sarajevo, la Belgique appuie le QG de l’Opération Althéa qui soutient l’approche compréhensive de l’Union européenne pour garantir la sécurité en Bosnie-Herzégovine.

 

Afrique

 

La Belgique maintient son engagement sur le continent africain avec la présence de 63 militaires déployés dans divers pays. Notamment, en République démocratique du Congo (RDC) où les militaires belges collaborent avec des instructeurs congolais pour la remise en condition de la 31e Brigade de Réaction Rapide. D’autres projets sont également en cours comme la promotion du développement de programmes éducatifs dans différentes académies militaires ou encore l’apport d’une aide médicale au Centre Hospitalier Roi Baudouin, situé dans la capitale Kinshasa.

 

Après le coup d’Etat au Niger, les instructions militaires ont été mises sur pause et un élément de liaison reste sur place pour maintenir les contacts et redémarrer les activités quand la situation le permettra.

Dans les QG des opérations d’entraînement de l’UE (EUTM), la Belgique occupe des postes d’Etat-Major au Mali et au Mozambique.

Dans le cadre de l’ONU, la Belgique fournit l’assistant militaire du commandant de la MONUSCO.

 

Moyen-Orient

 

La frégate F931 Louise-Marie, actuellement dans les eaux européennes, s’entraine avant de rejoindre la Mer Rouge dans le cadre de la mission Aspides. Cette opération représente un déploiement naval légitime, proportionné et défensif dans le cadre de l’Union européenne (UE). La frégate se déploiera également ce semestre dans le détroit d’Ormuz au sein de l’opération Agénor (pilier militaire d’EMASoH). Le but de ces deux missions est d’assurer la liberté de navigation et de garantir la sécurité maritime dans les zones citées. La Louise-Marie compte un équipage de maximum 175 personnes.

Dans le cadre d’UNTSO (United Nations Truce Supervision Organization), un observateur belge se trouve sur le plateau du Golan pour surveiller l’armistice.

 

La Belgique fournit également plusieurs officiers d’Etat-Major dans différents QG de l’Opération Inherent Resolve qui lutte contre l’Etat islamique en Irak et en Syrie.

 

Territoire national

 

La Défense demeure engagée dans ses missions primordiales visant à assurer la protection de la population nationale. Elle est prête à intervenir promptement en coordination avec les commandements militaires provinciaux, la police et les autorités civiles.

 

Sous le nom d’Opération Spring Guardian (OSG), différents détachements sont en charge jour et nuit de la sécurité de plusieurs installations nucléaires. Le Service d’Enlèvement et de Destruction d’Engins Explosifs (SEDEE), le Centre des grands brûlés de l’Hôpital Militaire, le Quick Reaction Alert (QRA) activé en cas de menace dans l’espace aérien du Benelux, le Coastal Security pour la protection de nos zones maritimes et le Search and Rescue (SAR), opérations de sauvetage en mer, font aussi partie, notamment, des déploiements militaires possibles en Belgique.

 

Plusieurs exercices majeurs

 

En plus des missions opérationnelles, cette période est intensive en entrainements et formations. Il y a deux objectifs principaux : former de nouvelles recrues et préparer la mise en condition afin d’être prêt en cas de déploiement opérationnel. Pour le moment, huit exercices majeurs se déroulent à travers l’Europe.

 

En mer du Nord, la campagne hivernale de la Navy Academy (NAC) vise à former de jeunes marins.

 

En France, le 1er Wing (1 W) organise deux entrainements de vol en montagne, l’un sur A109 (l’exercice Mountain Flying) et l’autre sur NH90, avec des évaluations de pilotes et des exercices tactiques. L’exercice sur NH90 se déroule en étroite collaboration avec des éléments du 3ème Bataillon Parachutistes (3Para). En parallèle, le Bataillon ISTAR participe à l’exercice multinational « Grand Duc » visant à intégrer divers capteurs afin de collecter des renseignements.

 

Des formations hivernales en montagne, nom de code Vertigo Winter, sont aussi prévues en Italie pour le Special Forces Group (SF Gp) et, en Autriche, pour le 3 Para. Elles mettent l’accent sur les déplacements tactiques en terrain accidenté et sur les techniques de survie.

 

Enfin, un exercice conjoint annuel, appelé ABT-L, est organisé par les Composantes Terre et Air, respectivement dirigées par le Special Operations Regiment et le 15ème Wing de Transport aérien (15 W), au Portugal. Cet exercice comprend des largages de matériel et de personnel ainsi qu’un échange avec des parachutistes portugais pour obtenir des brevets de saut.

 

Sans oublier la participation du Crocus, un de nos chasseurs de mines, dans le cadre du SNMCMG1, à Steadfast Defender. Ce groupe d’exercices nationaux sous l’égide de l’OTAN se déroule de février à juin. Il s’agit du plan grand exercice de l’année. Au total plus de 90.000 militaires dont 250 Belges y participent. Le Bataillon Libération- 5ème de Ligne s’apprête d’ailleurs à rejoindre l’Allemagne dans le cadre de l’exercice Gran Quadrigua.

Camille Henry

DG StratCom