« Une autre guerre » : les leçons médicales du front ukrainien

Comment administrer des soins médicaux dans une guerre complexe ? Lors de sa récente visite dans notre pays, un chirurgien ukrainien des forces armées ukrainiennes a évoqué les nouveaux défis médicaux posés par l’évolution de la guerre. Il a notamment souligné l’importance de la coopération entre les partenaires militaires et civils dans le domaine médical. Ces précieux enseignements inspirent la Composante Médicale, qui perfectionne actuellement ses compétences dans le cadre de l’exercice Green Light.

 

Le médecin a partagé ses enseignements tant à l’Ecole Royale Militaire qu’à Bourg-Léopold. Le conflit actuel permet de tirer des leçons importantes en ce qui concerne le traitement des victimes de la guerre. Ces présentations sont arrivées à point nommé, car la Composante Médicale s’entraîne à Bourg-Léopold pendant plusieurs semaines sur toutes sortes de scénarios. Cela permet au personnel de mettre immédiatement en pratique les connaissances nouvellement acquises.

 

Collaborations médicales

 

Le médecin ukrainien souligne l’importance d’une coopération harmonieuse entre les médecines militaire et civile. « Dans un pays en guerre comme le nôtre, il est impossible de tout faire avec les seuls prestataires de soins militaires, d’autant qu’il faut traiter un grand nombre de blessés en même temps. C’est pourquoi la coopération avec les partenaires civils est si importante. L’aide de nos partenaires dans les hôpitaux civils est cruciale pour que tout se passe bien. Nous maintenons également une bonne communication avec eux, surtout lorsque nous apprenons que des actions d’envergure sont imminentes », explique-t-il.

 

C’est l’occasion, ici aussi, de sensibiliser à l’importance de la collaboration avec les partenaires civils.

 

Une autre guerre

 

Les conclusions du médecin prouvent qu’une nouvelle façon de s’entraîner est en cours en raison des conflits actuels. « La guerre a vraiment changé. Il y a beaucoup plus de victimes sur le champ de bataille, surtout avec l’utilisation des drones », explique-t-il. Plus de 25 % des victimes ont été blessées par un drone. Cela rend les évacuations médicales difficiles. « Nous ne rencontrons pas vraiment de problèmes une fois que les blessés sont dans le rôle 1, mais du point de blessure (POI), où les militaires sont blessés, jusqu’à l’endroit où ils sont remis, l’évacuation médicale est difficile en raison de la présence de drones. »

 

« Nous devons donc nous pencher sur la manière de réagir et de traiter les drones. Comment soigner les blessés alors que nous sommes pris pour cible ? Nous devons apprendre à intégrer les nouvelles technologies et les mesures anti-drones, y compris dans les futurs programmes de formation », conclut-il.

 

La formation est indispensable

 

Le médecin rappelle l’importance d’être toujours prêt à affronter différentes situations : « La formation est cruciale. Vous devez vous assurer que vous maintenez toujours toutes les compétences et connaissances du personnel, car au moment où cela devient nécessaire, lorsque votre pays entre en guerre, vous n’avez pas le temps de vous former. »

 

Une autre compétence importante est la flexibilité : adapter certaines structures en fonction de la sécurité et de la fonctionnalité. Par exemple, le personnel médical ukrainien a déployé des hôpitaux de campagne dans des endroits souterrains. Cela peut se faire dans des lieux existants, comme les sous-sols des maisons, ou grâce à des collaborations avec des entreprises civiles.

 

Des scénarios réalistes

 

Le médecin des forces armées ukrainiennes a donné un aperçu unique du fonctionnement de l’aide médicale d’urgence dans les conflits réels. Il a donc conseillé au personnel (para)médical belge participant à l’exercice d’utiliser ses compétences de la manière la plus efficace possible. Cela les motive à travailler plus rapidement au Point of Injury (POI) et à revoir d’un œil critique leurs protocoles d’intervention.

 

Dans le passé, une grande partie de la formation était consacrée aux opérations de réponse aux crises, mais avec les enseignements tirés des conflits actuels, les simulations avec dix à vingt patients à la fois ne font que gagner en importance. Ces scénarios sont donc également intégrés autant que possible dans l’exercice Green Light afin d’être aussi préparé que possible aux situations réelles.

 

En résumé, une formation réaliste et une connaissance approfondie des différentes technologies sont essentielles pour fournir une assistance médicale d’urgence dans les zones de conflit.

Bilitis Nijs

Adrien Muylaert