Trois ans de guerre en Ukraine : entre réalisme et vigilance

Le 24 février 2022, la Russie envahissait l’Ukraine, bouleversant l’équilibre géopolitique mondial. Trois ans plus tard, le conflit perdure et redéfinit les enjeux de sécurité en Europe. Pleinement engagée aux côtés de ses alliés de l’OTAN, la Belgique n’a pas manqué de soutenir l’Ukraine et sa population.

 

« Poutine ne comprend que le langage de la force militaire », a déclaré la semaine dernière le Général aviateur Frederik Vansina, Chef de la Défense (CHOD). « Il écoute les États-Unis, mais ignore l’Europe. Pour nous, c’est un réveil brutal. »

 

Depuis le début de la guerre, la Belgique a engagé plus de 1,2 milliard d’euros en aide militaire à l’Ukraine, incluant des armes, des équipements logistiques et la formation de plus de 3.100 soldats ukrainiens, dont des pilotes et techniciens. Membre de la Coalition F-16, elle prévoit de livrer ces avions dès que sa propre transition vers le F-35 le permettra.

 

Poursuite du soutien belge

 

« Une fois notre montée en puissance avec le F-35 achevée, nous pourrons progressivement céder des F-16 à l’Ukraine », indique le Chef de la Défense. « Jusqu’en 2028, ces appareils assureront la défense de la Belgique, avant d’être progressivement remplacés par les F-35 dès 2027. » Un premier transfert de F-16 pourrait toutefois avoir lieu dès la fin de l’année.

 

Dans un autre registre de cette aide protéiforme de la Belgique envers l’Ukraine, l’Hôpital Militaire Reine Astrid (HMRA) accueille régulièrement des soldats ukrainiens blessés, en particulier des victimes de graves brûlures. Pour un aperçu plus détaillé de l’aide apportée à l’Ukraine depuis le début du conflit, cliquez sur : Beldefnews | Aperçu des différents appuis de la Défense à l’Ukraine.

 

Renforcement de la défense européenne

 

Pour le Général Vansina, ce conflit et l’évolution récente du contexte géopolitique ont mis en lumière la nécessité de combler un retard capacitaire : « L’Europe doit assumer sa propre sécurité. Le message américain n’a pas changé depuis quinze ans : il est temps de renforcer notre défense dans le cadre de l’OTAN et de son pilier européen. »

 

Face à une Russie de plus en plus agressive, le CHOD met en garde : « Nous le constatons chaque jour : cyberattaques, désinformation, tensions en mer Baltique… Moscou n’est pas en train de perdre cette guerre et elle intensifie ses actions hybrides. »

 

Des militaires en Ukraine ?

 

Dès le début de l’invasion, l’OTAN a revu sa stratégie face à l’agression russe, renforçant sa présence en Europe orientale. La Belgique déploie plusieurs centaines de militaires en Roumanie et en Lituanie, tandis que ses F-16 surveillent l’espace aérien balte et que ses chasseurs de mines participent à la sécurisation en mer Noire. Plus de détails sur : Beldefnews | Aperçu du déploiement militaire belge dans le cadre du renforcement de l’OTAN sur le flanc est

 

Le ministre de la Défense, Theo Francken (N-VA), évoque désormais une possible participation belge, le cas échéant, à une force de maintien de la paix en Ukraine. « Nous avons les capacités pour y contribuer », confirme le Général Vansina.

 

En effet, selon Kurt Engelen, directeur du Centre d’études de sécurité et défense, le conflit s’est enlisé depuis mi-2024. « Les deux camps restent figés derrière des lignes fortifiées, avec des avancées limitées qui ne changent pas fondamentalement la situation », observe-t-il. Il appelle, dans sa publication, les décideurs occidentaux à la vigilance et à anticiper les scénarios les plus redoutés.

 

Vers une issue diplomatique ?

 

Si l’arrivée au pouvoir aux États-Unis de Donald Trump redistribue les cartes en termes d’architecture de sécurité en Europe, elle relance également le processus de négociation visant à mettre fin au conflit. Aujourd’hui, l’avenir de l’Ukraine demeure incertain. L’équilibre géopolitique mondial pourrait être radicalement transformé, selon qu’une résolution diplomatique soit trouvée ou que les hostilités se prolongent.

 

L’Europe se trouve ainsi à un tournant stratégique. Pour la Défense, cela signifie d’importants futurs investissements, avec notamment la réalisation des priorités adressées par l’OTAN à la Défense belge.

Y. Willems

DG Stratcom & Marine