Bruxelles a accueilli pour la première fois la Conférence internationale des aumôniers militaires en chef (IMCCC), un événement d’envergure réunissant 120 participants venus de 36 pays. Cette édition, placée sous le thème du « Dialogue inter-convictionnel pour la paix mondiale », a rassemblé des aumôniers et conseillers moraux de diverses convictions – juifs, humanistes, chrétiens, musulmans et bien d’autres – avec un objectif commun : renforcer leur rôle dans un monde en crise.

Au sein des forces armées, l’accompagnement moral et spirituel est une mission essentielle, notamment en temps de crise. L’IMCCC 2025 visait ainsi deux objectifs majeurs : d’une part, créer des liens durables entre aumôniers et conseillers moraux, favorisant une meilleure compréhension mutuelle de leurs pratiques. D’une autre part, améliorer l’interopérabilité des services d’aumônerie en harmonisant les normes et procédures afin d’assurer une coordination optimale lors des opérations militaires.

Le Général de brigade Régis Bornain, en charge de la Direction Générale Health & Well-being (DG H&WB), a insisté sur l’importance de cette rencontre : « Aujourd’hui, les conflits se multiplient, les tensions s’exacerbent et les populations souffrent. Cette conférence, coorganisée avec l’US European Command, permet aux aumôniers militaires et conseillers moraux du monde entier de réfléchir à leur mission en période troublée. »

Une conférence marquée par des symboles forts

L’événement a débuté le 27 janvier, une date hautement symbolique puisqu’elle marque l’anniversaire de la libération d’Auschwitz-Birkenau. Une cérémonie a eu lieu en la Cathédrale Saint-Jacques-sur-Coudenberg, avec le dépôt d’une colombe de la paix sur l’autel, en hommage aux victimes. Ce symbole puissant, offert par la Fédération Nationale des Combattants de Belgique, s’inscrit dans son initiative « Monuments de la paix ».

Tout au long de la semaine, conférences, forums, cérémonies et visites ont rythmé les échanges, favorisant le dialogue et la coopération entre nations.

L’aumônerie militaire, une mission en constante évolution

Longtemps centrée sur le catholicisme, l’aumônerie militaire belge s’est diversifiée dès les années 70 et 80 avec l’intégration des confessions protestantes, juives et humanistes. Aujourd’hui, elle dépasse largement la seule guidance spirituelle pour assurer également un soutien psychologique et humanitaire aux militaires, notamment après les missions.

Approche inclusive

Comme le rappelle le Sous-lieutenant Vincent, membre du Service d’Assistance Religieuse et Morale (SARM) : « La Belgique est l’un des rares pays européens à disposer d’une aumônerie humaniste. »

Aujourd’hui, en plus des convictions catholique, protestante, juive et humaniste, de nouvelles convictions demandent une reconnaissance officielle : l’islam, le bouddhisme, l’anglicanisme et l’orthodoxie. Un nouveau statut légal, en attente de validation par le gouvernement fédéral, devrait permettre leur intégration et la création de nouvelles aumôneries. « La Défense, reflet de la société civile, s’adapte en permanence aux évolutions d’un monde en mutation », précise le Sous -lieutenant Guillaume.

Interopérabilité et ouverture aux nouvelles réalités

Le défi majeur reste l’adaptation aux réalités contemporaines. « Nous cherchons à renforcer l’interopérabilité du soutien spirituel, pour que chacun, quelle que soit sa croyance, puisse être écouté et accompagné, où qu’il soit », explique le Sous-lieutenant Vincent.

Des initiatives concrètes émergent, comme la mobilité des aumôniers entre navires européens afin d’assurer un accompagnement spirituel continu lors des missions.

Représenter toutes les confessions

Stijn, Enseigne de vaisseau de 2ᵉ classe et réserviste à la Marine, coordonne le projet d’ouverture du service d’aumônerie islamique : « Nous participons à tous les événements spirituels et logistiques pour garantir la représentation de toutes les confessions. »

Denis Leblond, de l’Union Bouddhiste de Belgique, insiste sur l’importance du dialogue : « Le dialogue, thème de cette conférence, est une éducation : il faut de la répétition, des expériences, des échecs et de la persévérance pour avancer ensemble. Ce qui est sûr, c’est que sur ce projet de loi, la Défense a plusieurs guerres d’avance. »

Un succès collectif porté par les réservistes

Hans De Ceuster, conseiller moral en chef, conclut sur cette réussite : « Les objectifs de la conférence ont été pleinement atteints. Nos collègues internationaux garderont le souvenir d’une semaine marquée par des échanges fructueux, des amitiés renforcées et une coopération accrue entre nations. Nous avons également eu l’honneur de leur faire découvrir notre pays. Tout cela n’aurait pas été possible sans l’engagement de nombreuses personnes : des membres actifs de la Défense, mais surtout une équipe exceptionnelle de réservistes, dont la plupart ne travaillaient même pas pour la Défense il y a deux ans. »

Cette conférence démontre que l’aumônerie militaire est un pilier essentiel du soutien aux forces armées, et que son adaptation aux réalités actuelles est un enjeu stratégique pour l’avenir.