Enhanced Vigilance Activities (eVA) et ‘la maison’

Cindy De Meyer est conseillère morale actuellement en mission à Amari (Estonie) pour soutenir le détachement belge qui y a été déployé. Tous les jours, elle parle aux militaires de tout ce qui les préoccupe, non seulement professionnellement mais aussi dans leur vie privée. Elle nous raconte son expérience.

 

C’est une journée froide mais avec un beau ciel bleu. Je suis à la base aérienne d’Amari en Estonie. Les membres de la mission enhanced Vigilance Activities (eVA) ont été affectés à cette mission assez tard car la mission s’est présentée de manière inattendue et à relativement court terme.

 

Bien que de nombreux participants aient vécu une ou plusieurs missions, cela n’est pas évident. Je pense aux proches qui sont restés en Belgique et qui ont dû prendre leurs dispositions en peu de temps pour pouvoir faire face à cette période. Organiser les questions financières, prendre des dispositions pour la garde des enfants et, si possible, caser un certain nombre de moments de qualité avec ceux que l’on aime.

 

Je regarde par la fenêtre de mon conteneur et je pense que le détachement sera bientôt à mi-chemin. Le détachement a une relativement belle mission, du moins au niveau du groupe. Mais même maintenant, nous sommes confrontés à des situations familiales difficiles. Inhérent à la vie, c’est que de temps en temps, il y a de mauvaises nouvelles de la ‘maison’. Il se passe des choses sur lesquelles nous n’avons aucun contrôle et ce n’est pas différent ici.

 

Si quelqu’un que vous aimez doit aller à l’hôpital, vous voulez l’accompagner. Dès que possible, aller avec eux jusqu’à la porte, voir comment ils vont, leur tenir la main et murmurer des mots d’encouragement. Si vous perdez quelqu’un que vous aimez, la distance peut peser lourd.

 

Pour répondre aux préoccupations qui se présentent à nous durant les missions, il faut souvent plus de résilience et de flexibilité. Votre environnement familier n’est pas là pour demander conseil.

 

La nuit n’apporte pas moins de tracas. Je pense qu’en tant que militaire, il n’est pas facile de communiquer par téléphone à propos d’émotions intenses. Dans de tels moments, j’accorde une attention particulière au soutien que nous pouvons apporter en tant que conseiller moral pendant les opérations. Une telle attention ne peut pas être inscrite dans les procédures.

 

Pendant le déploiement opérationnel, les questions de bon sens sont toujours présentes. Les relations sont une partie importante de la vie et il n’est donc pas surprenant que de nombreuses conversations ne portent pas seulement sur le contenu du poste ou de la mission ici à Amari, mais sont souvent liées à la famille restée au pays. Il est donc de bon ton que les responsables, ici aussi, créent un espace pour permettre de parler en toute quiétude.

 

Le lendemain, je fais ma tournée quotidienne. Cette fois, nous parlons du but que nous servons tous et du 24 février 2022, lorsque nous nous sommes brusquement réveillés et avons appris que Poutine avait envahi l’Ukraine aux premières heures du matin.

Cindy Demeyer

La Défense

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Marc René

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