
Général D’Hert : « À la Défense, on est d’abord militaire, ensuite femme ou homme »
En 2023, le Général de brigade Katrien D’Hert devient la première femme générale de la Composante Terre de la Défense. Un jalon qui, pour elle, est avant tout le fruit d’années d’efforts, de convictions et d’opportunités. « Je ne peux qu’espérer avoir été choisie pour mes compétences, et non parce que je suis une femme », déclare-t-elle avec sobriété.
Katrien D’Hert entame sa carrière militaire en 1989. Son choix pour la Défense est plutôt accidentel, motivé par son tempérament sportif et son goût pour l’aventure et la variété. « Je voulais faire quelque chose que personne d’autre ne faisait », raconte-t-elle. « Les clichés associés à la Défense, comme l’esprit d’équipe, la diversité, ou les missions à l’étranger, m’attiraient beaucoup. Et ils se sont tous révélés vrais », ajoute-t-elle en riant.
Une carrière opérationnelle
Ce qui suit est l’une des carrières les plus opérationnelles de la Défense : de ses premières années en Allemagne jusqu’à son rôle de commandant du Joint Support Detachment en Afghanistan, en passant par des missions dans le cadre de l’OTAN et un rôle-clé dans la task force Distribution & Logistique et Vaccination pendant la crise du COVID. Elle est la première femme commandant de corps du 18e Bataillon Logistique à Bourg-Léopold et s’engage à différents niveaux de l’organisation, tant sur le terrain qu’au niveau stratégique.
En tant que directrice logistique à l’État-major militaire de l’Union européenne (EUMS), elle est aujourd’hui responsable du développement, de la coordination et de la mise en œuvre du soutien logistique aux opérations et missions militaires menées sous commandement européen, qu’il s’agisse de mobilisations, de mises en alerte ou d’acheminement de renforts.
Le leadership est une part de soi-même
Pourtant, elle ne met jamais son identité de femme en avant. « Ici, je suis un militaire qui se trouve aussi être une femme. À la maison, je suis une femme, une mère et une grand-mère qui se trouve être militaire ». Selon elle, il ne s’agit pas d’être un homme ou une femme, mais d’avoir de la formation, de l’expérience et de la personnalité. « Le leadership n’est pas une question de genre, c’est une partie de ce que l’on est. On est façonné par ses supérieurs, ses formations, son parcours. Bref, par tout ce que la vie nous apporte ».
Elle reconnaît toutefois les défis auxquels les femmes ont été – et sont parfois encore – confrontées à la Défense. « Je suis convaincue que cela a été très difficile pour les premières collègues féminines de se faire une place dans une organisation majoritairement masculine. Chapeau pour ce qu’elles ont accompli, car ce sont elles qui ont ouvert la voie ».
Les opportunités doivent coïncider
Mais selon D’Hert, l’organisation a beaucoup évolué. « Aujourd’hui, les femmes et les hommes ont les mêmes chances. Il faut parfois aussi un peu de chance pour que les bonnes opportunités se présentent, que l’on soit un homme ou une femme ».
Son conseil aux jeunes femmes est clair : « Restez vous-mêmes. Concentrez-vous sur votre travail, pas sur la différence. En soulignant la différence, on la renforce. Nous sommes tous des militaires. Et c’est ça qui compte ».



