Leur vie à l’hôpital

Médecins ou internes en médecine, ils sont en première ligne durant cette période particulière de coronavirus. Petit aperçu de leur vie à l’hôpital.

 

Le médecin lieutenant Igor Malec, en stage à l’hôpital Erasme depuis septembre, est dans sa deuxième année de spécialisation en médecine interne.

 

Le lieutenant Astrid Piot est actuellement en dernière année de médecine. Elle entamait, voici un mois, un approfondissement de l’internat en médecine interne, dernière partie de sa formation.

 

Quant au médecin lieutenant Émilie Godinas, en master de spécialisation en médecine aiguë, elle est en stage depuis le mois de janvier aux soins intensifs de l’UZ Bruxelles. Tous trois s’accordent pour souligner la particularité de l’expérience qu’ils vivent actuellement.

 

« Nous traitons les Covid gravement atteints et comptons bon nombre de décès de patients jeunes. Ce sont des choses difficiles mais nous formons une super équipe où tout le monde s’épaulent », confie Émilie Godinas.

 

Depuis fin mars, elle travaille selon une rotation spéciale de cinq jours se terminant par 24 heures de garde suivis d’un jour de récupération puis d’un ou deux jours de week-end. Soit un total de 60 à 65 heures de travail en cinq jours. Un rythme éprouvant auquel s’ajoutent des conditions contraignantes.

 

« C’est plus difficile avec les protections. On ne peut pas sortir tout le temps de la zone Covid afin d’essayer d’épargner le matériel de protection. Cela signifie qu’on n’a pas accès aux toilettes, ni à manger, ni à boire mais on supporte », précise-t-elle.

 

Pour le lieutenant Piot, interne, c’est la faculté d’adaptation qui prédomine. « Je suis appelée dans les services où les mains manquent et cela peut varier tous les jours. Je dois donc me recycler un peu chaque soir pour être prête le jour suivant », précise celle qui, pendant son temps libre, doit également jongler avec l’étude en vue de ses deux grands examens finaux.

 

Ces nombreux changements la mettent au contact de pathologies différentes. « Au cours des quatre dernières semaines, j’ai travaillé dans l’unité d’hospitalisation et la consultation d’oncologie digestive, le centre de jour d’oncologie, la consultation de rhumatologie et de maladies systémiques et aux urgences, où j’ai examiné, entre autres, les patients Covid positifs », précise-t-elle. En ajoutant les conversations avec les patients anxieux ou seuls, son stage est mentalement beaucoup plus difficile qu’elle ne l’avait imaginé.

 

Igor Malec était, quant à lui, en stage au sein du service pneumologie quand la crise a commencé. « Dès la mi-mars, ce service a joué un rôle de tout premier plan. Nous accueillons désormais des patients ventilés mais stabilisés venant des soins intensifs », témoigne-t-il.

 

En unité non Covid, la situation n’est pas sans risques. « En réalité, on a compté quatre patients avérés Covid jusqu’à présent. L’un d’entre eux en est mort. Les contaminations nosocomiales ne sont pas rares », confie ce médecin lieutenant.

 

La nuit, étant donné le manque de personnel, il prête main forte et croise également des personnes suspectées d’avoir contracté le virus. « Entre 23 heures et 8 heures, j’effectue aussi un tri en orientant vers l’unité covid ou vers un retour à domicile. Je devais changer de stage le 1er avril mais, vu les circonstances, on prolonge ! », conclut-il.

 

Chacun connaît donc actuellement des conditions de travail assez éprouvantes mais qui, comme le confie le médecin lieutenant Godinas, ne sont pas insignifiantes : « Ce travail me procure d’énormes satisfactions et je me sens très utile. »

Julie Debrackeler

la Défense