L’histoire binationale de l’A400M bat son plein

Depuis le début de cette année, l’avion de transport A400M Atlas a repris toutes les tâches de notre fidèle C130. Lorsque la livraison des avions du constructeur Airbus sera finalisée, nous pourrons alors compter sur huit de ces mastodontes high-tech. Pour l’achat et l’exploitation de l’A400M, la Défense s’est associée au Grand-Duché de Luxembourg. L’un des huit appareils affiche un drapeau luxembourgeois, bien qu’en pratique il n’y ait aucune distinction.

 

A la recherche d’un digne remplaçant du C130, de nombreux pays dont la Belgique ont investi dans le nouvel avion d’Airbus. Avec le Luxembourg, notre pays a trouvé un partenaire fiable pour, à terme, acheter huit appareils. « Bien qu’un avion appartienne effectivement à notre partenaire, nous ne voyons en fait aucune différence dans la pratique », déclare le Colonel Frank Vandenbussche, commandant du 15 Wing de Transport aérien de Melsbroek.

 

Une flotte, deux nations

 

Il y a actuellement sept A400M Atlas sur le tarmac ou dans le tout nouveau hangar de notre aéroport militaire. Lorsque le décompte final sera effectué, il y en aura huit. L’un d’eux appartient sur papier à l’armée de notre plus petit pays voisin. Bien que, au contraire de notre Défense, le Luxembourg ne dispose pas à proprement parler d’une composante aérienne, il franchit une étape majeure dans le développement de celle-ci avec l’achat en commun de ces appareils. « Ils ont voulu investir dans leur Département Air et ont immatriculé 1 des huit appareils à leur nom », explique le colonel. « La répartition des coûts (de maintenance) et du personnel est également au prorata de 1/8ème. »

 

Dans l’absolu, la flotte appartient donc à deux nations, mais grâce au professionnalisme existant des deux côtés de la frontière, il n’y a pas d’équipages purement belges ou purement luxembourgeois. « Nous avions déjà travaillé ensemble avec le C130, et là aussi la collaboration binationale s’était très bien déroulée », confie le Colonel Vandenbussche. Il est donc parfaitement possible qu’un équipage soit composé de deux nationalités différentes. « En ce moment, pour la première fois, il y a même un Luxembourgeois à la tête d’un escadron – une unité opérationnelle », explique Vandenbussche.

 

Premier Commanding Officer luxembourgeois

 

« Vous ne devez pas y prêter trop attention », dit le Capitaine Dan Olsem en riant. Il est le commandant en fonction du 20e escadron à Melsbroek. « Il n’y a pas de différence parmi le personnel, j’ai donc obtenu ce poste en fonction de l’ancienneté. Personne n’est favorisé ici sur la base de sa nationalité. Tout est binational, y compris les postes de commandement. » Avec plus de 2000 heures de vol sur C130, le capitaine est en passe d’obtenir sa qualification pour l’A400M.

 

Olsem a commencé sa formation à l’ERM (Ecole Royale Militaire) en 2005 et a appris lors de sa deuxième année que le Luxembourg recrutait des pilotes. Comme la formation des élèves- officiers luxembourgeois se déroule également à l’ERM, il était déjà au bon endroit pour devenir pilote. Il a changé d’armes et a été promu pilote en 2012. Comme ses confrères belges, il a d’abord piloté le C130 pour finir par atterrir dans l’histoire de l’A400M.

 

Uniquement des superlatifs

 

Le passage du C130 à l’A400M a apporté beaucoup d’émotions. « C’est compréhensible quand on a une flotte dont on connaît le fonctionnement sur le bout des doigts. Réapprendre de nouvelles méthodes de travail et de nouvelles philosophies demande beaucoup de temps et d’efforts. Nous devions également continuer à assurer la continuité de nos deux piliers : l’éducation et la formation de notre personnel et le soutien logistique aux exercices et aux opérations », explique le commandant du 15 Wing.

 

« J’ai volé avec le C130 jusqu’à la fin », raconte Olsem. « Mon dernier vol était un vol de rapatriement depuis Kaboul en Afghanistan à Islamabad au Pakistan pendant l’opération Red Kite. Là aussi, l’équipage était composé de Belges et de Luxembourgeois ».

 

« Je ne peux parler qu’avec des superlatifs », conclut le Colonel Vandenbussche. « Le niveau des deux nationalités est si élevé que travailler ensemble ne pose aucun problème. »

Rein Van den Bergh

Jozef Vanden Broeck, Gert-Jan D'Haene

La Défense