‘Multisensor’ devient ‘multinational’: ISTAR s’entraîne à Höhenfels

Sur un immense terrain d’entraînement américain dans l’Est de l’Allemagne, quelque 170 militaires belges du bataillon de reconnaissance ISTAR ont participé ces dernières semaines à l’exercice multinational « Combined Resolve XVII » encadré par l’armée américaine. En plus de l’escadron ‘multisensor’, plusieurs équipes, appui-feu de l’artillerie, soutien médical et police militaire, s’y sont également rendues pour appuyer l’exercice.

 

Des hélicoptères survolent constamment le ‘Joint Multinational Readiness Center’ à Höhenfels. À tour de rôle, les véhicules lourds se frayent un chemin à travers le paysage vallonné. Quelque 5.600 militaires de douze pays participent à cet exercice sur un terrain de pas moins de 10 kilomètres de largeur et 20 kilomètres de profondeur.

 

Terrain difficile

 

Un escadron ISTAR (Intelligence, Surveillance, Target Acquisition and Reconnaissance) est intégré en tant qu’unité de reconnaissance dans un bataillon de reconnaissance américain. Pendant quatre semaines, leur large gamme de capteurs est testée par le scénario imprévisible et par un ennemi joué par une brigade américaine.

« Pour les chauffeurs, la plus grande concentration est de mise pour infiltrer tactiquement ce terrain difficile de jour comme de nuit, surtout avec les véhicules blindés Pandur rénovés. La durée et les conditions très rudimentaires de cet exercice sont une première pour de nombreux collègues plus jeunes » explique le lieutenant-colonel Demeersman, chef de corps du Bataillon ISTAR.

 

Depuis 2015, le bataillon a participé à diverses opérations : d’abord l’opération « Vigilant Guardian » et à partir de 2018, il y avait en permanence un peloton au Mali pour la mission de la MINUSMA. S’en est suivie la période Covid-19. « Notre entraînement fonctionnel, le travail de reconnaissance classique contre un ennemi entraîné, est complètement passé au second plan », explique le CO. « C’est donc une occasion idéale de s’atteler à notre entraînement fonctionnel dans un environnement difficile. »

Image tactique

 

« Le but de notre escadron ‘multisensor’ est de rendre notre unité de renseignement pertinente dans un cadre de l’OTAN conformément à l’article 5 (lorsqu’un État membre est attaqué, cela est considéré comme une attaque collective contre tous les États membres, ndlr). Après des années de déploiement au Mali, nous devons maintenant travailler à nouveau de manière tactique et limitée dans le temps », a déclaré le commandant Schutyser qui dirige l’exercice. « Vous ne pouvez pas vous entraîner à un tel niveau en Belgique, c’est pourquoi la coopération multinationale est si importante. »

 

« Il faut aussi être autonome car on est confronté à tous les problèmes d’un champ de bataille. C’est un exercice, mais tout est vraiment présent. Sauf les vraies munitions », conclut le commandant. Pendant l’exercice sur le terrain, tout le monde dispose d’un tracker qui enregistre tout et un coach observe constamment les militaires pour ensuite faire un rapport. « Si vous faites une erreur, vous le payez immédiatement cash et vous ne faites pas une telle erreur une deuxième fois. Cela rend l’exercice très constructif » selon le CO.

Voir sans être vu

 

La coopération entre les Belges et les Américains est à double sens. « Nous venons ici pour apprendre beaucoup mais nous apportons aussi nos connaissances et nos moyens techniques qu’ils n’ont pas : notre radar, le drone RAVEN UAS et le Pandur avec sa plateforme d’observation par exemple » explique le CO.

 

Wally, qui travaille au Tactical Operations Center en tant qu’officier de liaison, confirme. « Les Américains ne connaissent plus le concept ISTAR. Je conseille donc notre personnel et les Américains sur les intentions des troupes » explique Wally. « La Belgique extrait des informations en profondeur, cherche des informations. Nous nous nourrissons d’informations et planifions ensuite les actions. Les Américains se battent davantage pour la culture de l’information parce que, bien sûr, ils ont des capacités beaucoup plus grandes. »

 

La devise d’ISTAR est « voir sans être vu ». Ils s’infiltrent, tentent de recueillir des informations de manière invisible et les transmettent à l’unité cliente, en l’occurrence les Américains, qui apportent ensuite des moyens de feu sur les lieux. « Nous nous complétons bien : nous savons à l’avance qui est notre ennemi et comment nous allons l’attaquer. Une situation Win-Win », conclut Wally.

 

Coopération inter-unités

 

La coopération entre les unités se déroule à merveille. Pour le soutien médical disponible (23ème Bataillon Médical), il est unique de pouvoir travailler tactiquement dans différents scénarios. Une autre équipe fournit le real life support et s’occupe des éventuels vrais blessés. Pour notre artillerie qui fournit un appui-feu et un appui aérien rapproché, cela fait longtemps qu’ils n’ont pas coopéré avec les éclaireurs belges dans un tel scénario.

 

En septembre, l’autre moitié du bataillon arrive à Höhenfels. De cette façon, ils peuvent également établir le bilan intermédiaire de leur entraînement. Cela promet d’être une fin d’année internationale bien remplie pour ISTAR.

Bilitis Nijs

Gert-Jan D'Haene

Damien Van Laethem