Nos experts se préparent aux menaces non conventionnelles

Dans un monde toujours plus complexe, nous ne sommes pas à l’abri d’une utilisation malveillante ou accidentelle de produits chimiques, biologiques, radiologiques et/ou nucléaires (CBR(N)) pouvant avoir des conséquences désastreuses sur notre sécurité et notre environnement. Pour pouvoir faire face à cette éventualité, la Défense a mis en place en 2003 une équipe spécialisée : l’équipe SIBCRA (Sampling and Identification of Biological, Chemical and Radiological Agents) de la Compagnie CBRN du 4e Bataillon de Génie de Amay.

 

Sa mission ? La reconnaissance de zone potentiellement contaminée, la détection, l’identification d’agents CBR et l’échantillonnage d’agents ou preuves diverses.

 

Les produits chimiques, biologiques et radiologiques ne constituent pas un danger en soi. Nombre d’entre eux sont présents dans notre quotidien : dans nos produits ménagers, notre pharmacie ou encore notre garage. Ils sont également utilisés dans de nombreux secteurs de production. Dans un milieu de plus en plus interconnecté, les incidents impliquant des substances CBR(N) restent cependant une réelle menace pour la population. Par ailleurs, le terrorisme CBR(N) est une éventualité que l’on ne peut ignorer, que ce soit ici en Belgique ou à l’étranger. L’usage de lettres d’anthrax à des fins malveillantes ou la dissémination involontaire d’agents chimiques ont déjà eu lieu par le passé. Da manière préventive, la Défense développe des capacités spécifiques pouvant faire face à ce type de danger.

 

Le personnel du SIBCRA dispose de matériel et de procédures spécifiques qu’il entraîne régulièrement pour garantir la rigueur et la rapidité de son travail, deux qualités essentielles au commandement. En effet, elles conditionnent d’une part les mesures à mettre en place pour protéger les troupes, et d’autre part la réponse à apporter s’il s’avère que la présence d’agent(s) est due à une attaque délibérée.

 

Concrètement, après avoir déployé son matériel, l’équipe peut exécuter la première étape : la reconnaissance d’un lieu potentiellement contaminé par des agents CBR. Celui-ci pourrait par exemple être un laboratoire clandestin mis en place par une cellule terroriste ou le lieu d’un accident ayant provoqué la libération de produits CBR. Rapidement, l’équipe SIBCRA réalise des détections à l’aide de ses divers appareils ultra spécifiques pour confirmer ou infirmer la présence d’agents CBR et les identifier.

 

Cette phase est cruciale : elle permet d’estimer la durée et le type de contamination dans la zone, une information indispensable pour déterminer les effets et les mesures adéquates, que ce soit pour la décontamination de la zone ou pour venir en aide aux personnes éventuellement entrées en contact avec l’agent pathogène. L’échantillonnage permettra ensuite, au travers de nombreuses analyses, de rassembler davantage d’informations sur l’incident ou les auteurs des faits.

 

L’équipe SIBCRA est en permanence appuyée par un scientifique issu du Département des Laboratoires de la Défense (DLD) et dans certaines situations, collabore étroitement avec les équipes EOD (Explosive Ordnance Disposal, soit de désamorçage d’engins explosifs) ainsi que le peloton de décontamination de la 3ème Compagnie CBRN.

 

Depuis son développement en 2003, l’équipe SIBCRA de la 3ème Compagnie CBRN est intervenue plusieurs fois sur le territoire belge, notamment en 2013 suite à l’accident de train à Wetteren et en 2018 à Florennes lors de l’incendie d’un F-16 belge. Elle a par ailleurs été déployée en Afghanistan et en 2004 en Grèce en appui à l’organisation des Jeux olympiques.

Julie Van den Born

Didier Authelet