
Pascale Van Leeuwen, première femme commandant du Lobelia : « On évolue avec son rôle et ses collègues »
En 2009, le capitaine de vaisseau Pascale Van Leeuwen devient la première femme à prendre le commandement du chasseur de mines Lobelia. Un moment marquant pour la Marine, même si pour l’équipage, il s’agit surtout de la suite logique de sa carrière. « La plupart des gens me connaissaient déjà. Personne n’a été surpris ».
L’amour de Commandant Van Leeuwen pour la mer naît à la maison. Elle l’acquiert, pour ainsi dire, à la cuillère de sa mère. « Mon père était souvent absent parce qu’il était dans la Marine », raconte-t-elle. « Mais à chaque retour, il revenait avec des histoires incroyables. Cet esprit d’aventure m’attirait aussi ». Cette fascination l’amène à intégrer l’École Royale Militaire (ERM), où elle commence sa carrière à la Défense et choisit la Marine.
Devenir commandant d’un chasseur de mines ne se fait pas du jour au lendemain. Pascale construit sa carrière progressivement. « J’ai commencé comme navigatrice, puis je suis devenue officier d’armement, officier d’opérations, commandante en second… On évolue avec son rôle et avec ses collègues ». Même si ces derniers sont presque exclusivement des hommes, elle n’a jamais vu cela comme un obstacle. « En fait, j’ai tout simplement grandi avec eux ».
Une étape logique
Lorsque Pascale, alors lieutenant de vaisseau de première classe, prend le commandement du Lobelia en 2009, beaucoup y voient un moment historique – sauf son équipage. « La majorité me connaissait déjà. Personne n’a été vraiment étonné. Et puis, cela faisait des années que des femmes servaient à bord, donc l’effet de nouveauté n’y était plus », explique-t-elle simplement.
Le fait d’être une femme influence-t-il sa manière de diriger ? « Chaque personne est différente. Peut-être que les femmes ont un peu plus tendance à mettre en avant l’aspect humain, mais ce n’est pas une règle ».
Elle note néanmoins une attitude différente à ses débuts : « Certains hommes voulaient trop prendre soin des femmes à bord. Ils demandaient sans arrêt si tout allait bien, ou accordaient des privilèges supplémentaires. C’était bien intentionné, mais parfois ça ressemblait à une forme de condescendance ».
Plus on montre que c’est normal, plus ça le devient
Elle se souvient aussi d’un épisode marquant pendant sa formation : « Il y avait un commandant en second qui refusait de serrer la main aux femmes. Mais cela ne m’a jamais découragée ni arrêtée ».
Aujourd’hui, la présence des femmes en mer n’est plus une exception. Commandant Van Leeuwen estime qu’il est de sa responsabilité de le montrer aussi aux jeunes générations. « Il y a tellement d’opportunités pour les femmes à la Défense. Plus nous montrerons que c’est normal, plus vite cela sera ressenti comme tel ».





