
Valérie Schmit, la première femme belge déployée en Afghanistan
Première femme officier de l’artillerie belge envoyée en Afghanistan, le Commandant Valérie Schmit revient sur un parcours jalonné de missions à l’étranger. À l’occasion des 50 ans des femmes à la Défense, elle partage une trajectoire riche et engagée, marquée par des responsabilités inédites et des moments marquants.
C’est en 1994 que Valérie Schmit choisit de rejoindre la Défense. Le déclic ? Un jour, son père ramène à la maison un exemplaire du Vox, un magazine militaire destiné aux membres de la Défense. En le feuilletant, elle tombe sur une présentation de l’École Royale Militaire (ERM) et l’idée s’impose d’emblée. Elle s’engage avec une détermination simple mais tenace : aller au bout de ce qu’elle entreprend.
Premiers pas dans l’artillerie
Après sa formation à l’ERM et ensuite à l’École d’Artillerie de Brasschaat, elle est affectée en Allemagne à la Rijdende Artillerie à cheval (RACh), une unité bilingue à Altenrath dans laquelle elle devient la troisième femme officier. À l’époque, seules cinq femmes, dont elle, servaient dans cette unité encore très masculine. « Nous étions respectées et traitées comme les autres », se souvient-elle. Elle apprécie particulièrement le rythme soutenu des exercices. « On partait souvent en manœuvre, parfois jusque dans le désert espagnol. J’adorais ça ».
Afghanistan, 2003
En 2002, Valérie Schmit est mutée à Bastogne avant de partir pour Kaboul dans le cadre de la mission ISAF III. Elle devient alors la première femme militaire belge envoyée en Afghanistan. Sur place, elle occupe la fonction de commandant en second de compagnie, responsable du support logistique, de l’armement et de l’amélioration des cantonnements. « Je n’étais pas mise en fonction de chef de peloton, car on craignait que les Afghans refusent de parlementer avec une femme. Mais pour moi, être de la partie suffisait ». Elle se souvient du rôle décisif joué par le chef de corps, le colonel Rifaut, qui a insisté pour l’emmener, malgré les réticences exprimées à Bruxelles : « Il préférait prendre un officier motivé plutôt que d’en obliger un autre à partir. Il n’a pas fait de différence ».
Dès leur arrivée, une scène la marque : en descendant de l’avion, ce sont des femmes qu’elle aperçoit en premier. Françaises, Hollandaises, Allemandes… elles sont nombreuses dans les transmissions, le génie, le médical. « J’ai vite compris que je n’étais pas une exception, » explique le Commandant Schmit. Ce constat rassurant n’efface toutefois pas les dangers du terrain. Le lendemain d’une fête d’adieu organisée avec les Espagnols, leur avion s’écrase. Aucun survivant. Deux mois plus tard, un attentat-suicide vise un bus de soldats allemands rentrant également au pays. « Nous étions les suivants, » confie-t-elle. « Autant dire qu’on a soufflé seulement en posant le pied à Zaventem ! »
Un engagement sans frontières
Depuis 2023, elle travaille à Norfolk, aux États-Unis, comme Senior Requirements Manager au sein du quartier général allié pour la transformation de l’OTAN (HQ SACT). Elle y contribue à définir les besoins futurs des forces alliées. Un travail stratégique loin du terrain mais très formateur.
Pour le Commandant Schmit, la Défense est « une entreprise presque comme les autres », à ceci près qu’on peut être déployé à tout moment, n’importe où dans le monde. Cette réalité façonne une vie professionnelle mais aussi personnelle, où chaque étape s’envisage avec cette part d’inconnu. « On doit non seulement s’y préparer, mais l’envisager à chaque moment de sa carrière et de sa vie familiale. Encore plus en ces nouveaux temps d’instabilité politique mondiale, » conclut-elle.



