
Passive Neon : entraînement CBRN dans des conditions inédites
Une attaque à la bombe sale dans une station de métro. Une fuite chimique dans un hôpital. Ce ne sont là que quelques-uns des scénarios d’entraînement auxquels les spécialistes CBRN de la Composante Air et Espace ont été confrontés lors de l’exercice Passive Neon. CBRN signifie chimique, biologique, radiologique et nucléaire : des menaces face auxquelles les équipes spécialisées de la Défense s’entraînent en permanence.
Le Centre national d’entraînement (NTC), situé juste de l’autre côté de la frontière, aux Pays-Bas, a accueilli les spécialistes CBRN de la Défense belge durant la première semaine de juin. Des journées intenses, rythmées par de nombreux exercices exigeants, sous la bannière de Passive Neon.
« Nous nous entraînons ici chaque année », explique Stéphi. Encadrant l’équipe belge de vingt militaires, elle est responsable de la mise en condition opérationnelle des unités CBRN de la Composante Air et Espace. « Ces installations sont sans équivalent en Europe. Grâce à notre coopération bilatérale avec les Pays-Bas, nous avons accès à cet environnement unique. »
Un cadre d’entraînement unique pour les spécialistes CBRN
Le NTC n’est pas un centre d’entraînement comme les autres. Il comprend notamment une station de métro reconstituée, avec rames mobiles, température réglable, jeux de lumière et effets sonores. On y trouve aussi un réseau complet d’égouts en sous-sol. Les militaires peuvent s’exercer dans d’autres environnements reconstitués : hôpital, intérieur d’avion, restaurant italien, bureau de poste ou encore salle de cinéma. À l’extérieur, le site propose d’autres infrastructures : autoroute, ruines, wagons de train et divers véhicules.
Leon, militaire néerlandais du NTC, précise : « Il existe très peu de centres CBRN en Europe. Notre particularité est que nous pouvons nous entraîner avec de véritables sources radiologiques, que nous pouvons librement déplacer. De plus, nous sommes en mesure de simuler parfaitement des agents chimiques, y compris des composants du gaz VX qui font réellement réagir les équipements. »
Chaque jour, des équipes venues de toute l’Europe viennent s’entraîner au NTC. « Français, Britanniques, Américains, Allemands, Belges : tout le monde vient ici », poursuit Leon. « La demande est forte. Ces installations uniques attirent de plus en plus d’équipes. »
Du gaz sarin à la bombe sale : des scénarios réalistes
En concertation avec les partenaires néerlandais, les scénarios d’entraînement sont affinés chaque année en s’appuyant sur le retour d’expérience opérationnelle. Cette édition se déroule en partie dans la station de métro, avec un scénario complexe mêlant source radiologique et agents chimiques. Les équipes belges et françaises y travaillent côte à côte, chacune selon ses compétences.
« L’objectif n’est pas seulement de s’exercer aux procédures », souligne Stéphi. « Nous confrontons nos équipes à des éléments inattendus. Intervenir dans une station de métro ou un hôpital n’a rien d’évident, mais nous devons être prêts à le faire dans le cadre du Host Nation Support (soutien du pays hôte) et des opérations nationales. »
CBRN à la Composante Air et Espace : prêtes pour l’avenir
La capacité CBRN de la Composante Air et Espace est en pleine expansion. Dotée actuellement d’une quarantaine de spécialistes, elle devrait en compter plus de trois cents à l’horizon 2030-2040. « Nos militaires sont entièrement dédiés au CBRN et à la défense passive », explique Stéphi. « Ils suivent la même formation de base que les unités du Génie de la Composante Terre, avec des modules complémentaires adaptés aux opérations sur une base aérienne. »
Pour les équipes belges, cet entraînement représente une opportunité précieuse. « Nous repartons d’ici plus forts », conclut Stéphi. « Mieux préparés face à l’imprévu — et face à l’avenir. »













