Petra Andries, la première femme infirmière à bord

Petra Andries ne s’imaginait pas devenir infirmière. « Je voulais naviguer. C’était mon rêve ». Le 13 septembre 1993, elle commence sa formation à l’École royale du Service Médical à Gand. « Au départ, je voulais devenir officier de pont, mais à ce moment-là, pour les femmes à la Marine, il n’y avait que des postes de secrétaire. Alors j’ai choisi le Service Médical ».

 

Un an plus tard, en octobre 1994, elle commence comme ambulancière à la base navale de Zeebruges. Elle embarque plusieurs fois à bord du chasseur de mines Dufour et devient ainsi la première femme membre du personnel médical à servir sur un navire de la Marine belge. « C’était une découverte des deux côtés : comment intégrer une femme à bord, pour moi comme pour la Marine ».

 

En 1995, Petra entame une formation pour devenir sous-officier infirmier. « Jusque-là, il n’y avait que des ambulanciers à bord, aucune infirmière ». Après sa formation, elle est affectée cinq mois à bord du chasseur de mines Crocus, dont deux mois dans la région du Golfe, en coopération avec les Américains. « Ce fut la plus belle période de ma vie. L’équipage était formidable ».

 

Une femme à bord

 

Les débuts sont toutefois loin d’être simples. « La première fois que je suis montée à bord, on m’a dit clairement : “On ne veut pas de femmes à bord.” Et puis ils commencent à te tester. Jusqu’où peuvent-ils aller ? J’ai souvent pleuré de frustration aux toilettes », raconte-t-elle. « Mais je ne me suis jamais sentie en insécurité ».

 

Petit à petit, les mentalités évoluent, en parallèle avec des aménagements pratiques pour faciliter la présence des femmes à bord, comme des douches séparées et une plus grande attention au confort et à l’hygiène.

 

Petra a tout de même le sentiment d’avoir dû faire deux fois plus ses preuves. Il ne suffisait pas de faire les bons gestes médicaux, je devais aussi savoir éteindre un feu et connaître l’emplacement du matériel. Et en tant qu’infirmière, j’étais souvent aussi la psychologue du bord, » dit-elle en riant. « Mais quand j’étais malade en mer, tout le monde venait prendre de mes nouvelles. En mer, on ne peut compter que les uns sur les autres ».

 

Le balancement entre la mer et la vie de famille

 

La difficulté de concilier la vie à bord avec la vie de famille finit par influencer sa carrière. « Mon mari était aussi souvent absent. Et quand, en 2010, on a décidé que tout le monde devait obligatoirement retourner en mer, même ceux qui travaillaient à terre depuis des années, j’ai demandé une mutation ».

 

Après treize années embarquées, Petra travaille depuis comme infirmière à la Travel Clinic de l’Hôpital Militaire de Neder-Over-Heembeek. Mais elle garde une grande fierté de sa carrière maritime : « J’étais peut-être une des premières, mais aujourd’hui, nous sommes nombreuses. C’est ça, la vraie victoire ».

Wilge Decraene

Archives