
Rapport annuel du SGRS: la transparence contre la désinformation
« Un monde en mutation constante, des menaces toujours plus hybrides, et un service qui s’adapte avec agilité » : c’est dans un contexte riche et tendu que paraît aujourd’hui le rapport annuel 2024 du Service Général du Renseignement et de la Sécurité (SGRS). A cette occasion, nous avons rencontré son commandant, le Général-major Stéphane Dutron, pour évoquer les défis sécuritaires, la transparence envers les citoyens et l’avenir du renseignement en Belgique.
Général-major Stéphane Dutron, en quoi la publication de ce troisième rapport annuel du SGRS est-elle importante ?
Ce rapport annuel est important parce qu’il permet de dévoiler une partie de notre travail et d’expliquer les domaines dans lesquels nous sommes actifs : la protection des intérêts de la Défense et du potentiel scientifique ou économique de la Belgique dans le monde. La contre-ingérence, le contre-espionnage, la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme avec la Sûreté de l’Etat. Ce rapport, c’est un lien que nous voulons garder avec le citoyen, l’ensemble de nos partenaires et le monde politique.
Quelles sont les nouvelles tendances mises à jour par ce rapport en 2024 ?
Au niveau international, c’est malheureusement la poursuite des guerres en Ukraine, au Proche-Orient, au Moyen-Orient et au Congo. Ces conflits ont des répercussions sécuritaires en Europe et en Belgique, notamment avec l’émergence de la menace hybride. Il y a aussi la montée en puissance de technologies disruptives comme l’intelligence artificielle, utilisées dans le cadre des campagnes de désinformation. Sans oublier le développement de la guerre électronique (EW) qui couvre toute une série de domaines : les drones, les télécommunications, etc.
Pouvez-vous donner un exemple concret et récent de campagne de désinformation ?
La lutte contre la désinformation est quotidienne et ce ne sont pas les exemples qui manquent. Mais depuis la rupture unilatérale de nos relations diplomatiques avec le Rwanda, nous avons vu exploser les campagnes de désinformation concernant le rôle de la Belgique dans l’Est du Congo. Nous aurions envoyé massivement des troupes pour soutenir les troupes congolaises dans leur lutte contre les troupes rebelles du M23. Tout ceci n’est évidemment que pure fiction. Mais nous suivons de près la situation avec l’ensemble de nos partenaires.
Dans votre introduction vous parlez de l’agilité du Service, qu’est-ce que cela signifie exactement ?
Je suis fier d’être à la tête d’un service qui a su faire preuve d’engagement et de souplesse pour s’adapter en permanence aux changements sécuritaires internationaux et à la multiplication des menaces. Notre charge de travail n’arrête pas d’augmenter, ce qui veut dire que nous devons être capables de nous réorganiser en permanence afin d’être à même de fournir, par exemple, les analyses de qualité que les décideurs politiques attendent de nous.
Vous avez donc besoin de plus de personnel ?
En tant que chef de service, on veut toujours plus de personnel. Mais les effectifs ont sensiblement augmenté ces dernières années, notamment grâce à notre communication plus ouverte et aux campagnes de recrutement de la Défense. Mon ambition est de le doubler notre personnel à l’horizon 2040. Ce qui me semble réaliste parce que nous avons énormément de candidats, mais nous devons nous assurer de disposer de l’infrastructure nécessaire pour les accueillir. C’est pour cette raison que la construction du nouveau quartier modulaire est indispensable.
Quel est votre regard sur le monde du renseignement ?
Le monde du renseignement est un monde particulier mais fascinant. Tout est basé sur la confiance et les relations. Tout va aussi de plus en plus vite, regardez par exemple à quelle vitesse le régime syrien a été renversé avec des conséquences sur l’ensemble de la région. Ce qui veut dire que les échanges de renseignements avec nos alliés et partenaires s’accélèrent également. Quand on regarde la carte du monde et qu’on fait le lien avec toutes ces menaces, je ne vous cache pas que cela peut être anxiogène. Mais à côté de cela, la richesse de ces échanges me fait dire que je fais le plus beau métier de la Défense.
Découvrez l’intégralité du rapport historique du SGRS, où vous trouverez de nombreux autres faits et témoignages (PDF) :

