Voici 30 ans, 10 para-commandos belges perdirent la vie au premier jour du génocide contre les Tutsi qui allait causer le décès d’un million de Rwandais. Ce week-end, en souvenir et dans l’espoir d’un « plus jamais ça », une délégation belge de hauts dignitaires, de familles de victimes, d’élèves des quatre coins du pays et de militaires s’est rendue à Kigali.

7 avril 1994 – « Mon colonel, je crois qu’on va se faire lyncher » – tels furent les derniers mots du lieutenant Lotin, l’un des 10 para-commandos assassinés au Rwanda. Tous appartenaient au peloton Mortiers du 2^e Bataillon de Commandos de Flawinne. Agé de 29 ans, le lieutenant Thierry Lotin laisse derrière lui une femme et un enfant à naître.

Cette date marque également le début du génocide contre les Tutsi qui a causé la mort de près d’un million de personnes en une centaine de jours.

Chaque 7 avril, date choisie en raison de ces événements dramatiques, nous commémorons désormais les militaires belges décédés au service de la paix depuis 1945.

Poudrière

En novembre 1993, les premiers militaires belges arrivent à Kigali dans le cadre de la « Mission des Nations unies pour l’assistance au Rwanda» (MINUAR). Malgré leur présence durant plusieurs mois, l’environnement rwandais reste hostile envers les Belges.

Ils se retrouvent dispersés dans la ville avec des véhicules qui reviennent de Somalie. La tension monte, alimentée par la propagande radiophonique. Le sentiment d’impuissance s’installe parmi les Casques bleus. Le Rwanda est une véritable poudrière.

Le 6 avril 1994, à 20h30, l’avion ramenant les présidents du Rwanda et du Burundi est abattu au-dessus de Kigali. La situation explose. Le chaos, la rage, la haine, le désespoir et la mort s’ensuivent. Le vert luxuriant du pays des mille collines se teint de rouge sang.

Devoir de mémoire

Ce week-end, emmenés par le War Heritage Institute (WHI), des élèves de Wallonie, de Flandre et de Bruxelles, ainsi que de l’Ecole Royale Militaire (ERM) et de l’Ecole Royale des Sous-Officiers (ERSO) se sont imprégnés des lieux mémoriaux. « J’étais jeune sergent à l’époque, j’avais 23 ans et 9 hommes sous mon commandement », témoigne un adjudant du 2^e Bataillon de Commandos. « Sur le moment, on avait beaucoup d’incompréhension, et de rage. »

« Le devoir de mémoire est de grande importance, en Belgique comme au Rwanda », a souligné la ministre de la Défense, Ludivine Dedonder, en présence de la ministre des Affaires étrangères, Hadja Lahbib, du Vice-chef de la Défense, le Lieutenant-général Frederik Vansina, de représentants des familles des victimes et des représentants de l’unité des para-commandos. « S’informer, s’éduquer, tels sont les outils pour un “ plus jamais ça ” », poursuit-elle.

Mémorial

Noa Verbinnen, de l’école BA Stassart de Malines, raconte : « Au mémorial de Nyamata, on a pu vraiment ressentir ce qui s’y était passé, l’horreur du massacre était encore bien présente. »  A terre, des monticules de vêtements ensanglantés se joignent aux ossements. La façade avant du Camp Kigali offre également un triste témoignage. Blanc, tacheté par les balles qui l’ont criblé, le camp ne laisse aucun doute quant à la fin tragique de nos para-commandos.

« Ce n’est pas normal, ce n’est pas humain d’en arriver là », ajoute Tristan Lechien de l’Ecole du Futur, de Mons.

Le passé ne peut être changé. Mais nous pouvons nous en souvenir pour construire le futur.

À la mémoire des 10 para-commandos assassinés : 

Lieutenant Thierry Lotin

Premier-sergent Yannick Leroy

Caporal Stéphane Lhoir

Caporal Bruno Bassinne

Caporal Louis Plescia

Caporal Bruno Meaux

Caporal Marc Uyttebroeck

Caporal Christophe Dupont

Caporal Alain Debatty

Caporal Christophe Renwa

Des 10 citoyens belges assassinés :

Etienne Staelgraeve

Paul Van Vynckt

Albert Craemers

Paul Kesenne

Annie Roland – Mugwaneza

Claire Beckers – Bucyana

Katia Bucyana

Antoine Godfriaux

Christine André

Olivier Dulieu

Et des 2 citoyens belges décédés par manque de soins :

Père Gigi Michel

Hélène Lévêque