Survivre dans la neige : « La montagne décide. »
« Il s’en est fallu de peu », explique Peter en indiquant quelques centimètres de distance entre son pouce et son index. « Nous avons vraiment failli devoir passer en mode survie. » Nous sommes dans un bunker des Alpes suisses, à 2.200 mètres d’altitude. Peter donne une formation SERE à quelque 70 militaires du « Special Operations Regiment » (SOR). SERE ? « Survival, Evasion, Resistance and Escape ».
Nous sommes en janvier et différents soldats du « Special Operations Regiment » (SOR) s’entraînent dans les hautes montagnes suisses. Inutile de préciser que le froid, le vent et la neige font partie du décor. Et lorsque les éléments ne sont pas favorables, il faut pouvoir compter sur ses capacités de survie. C’est précisément là que se situe le rôle de Peter.
Voile blanc
« Par un temps relativement clément, voici plusieurs jours, nous sommes partis en randonnée vers un col de montagne. En quelques heures, le temps a cependant rapidement changé. A tel point qu’un voile blanc nous a fait perdre toute trace de piste. »
Ce phénomène de voile blanc (« white out ») rend la visibilité quasi nulle et fait disparaître vos éléments d’orientation sous la neige. « Dans ce cas précis, nous avons été à deux doigts de devoir construire un trou à neige », précise Peter.
Abri ou cave
Peter et son collègue Steve enseignent à leurs élèves comment réagir dans de telles situations d’urgence. « Ils apprennent ici à construire un trou à neige et une cave à neige. Le trou demande moins de temps mais est peu confortable tandis que la grotte est plus confortable mais nécessite plus de temps. »
En situation d’urgence, c’est à la personne la plus expérimentée qu’il revient de choisir la meilleure option.
Hypothermie
« La première priorité dans le concept de survie est votre abri, la notion de ‘shelter’ », précise Peter. « Quelle est la première chose que nous faisons en nous levant le matin ? Enfiler des vêtements, c’est-à-dire offrir un abri à notre corps. »
A ce propos, en montagne et dans la neige, l’instructeur recommande de laisser le coton derrière soi. « Surtout en montagne, il faut être attentif à l’hypothermie. Or, le coton devient moite en absorbant la transpiration durant l’effort. Le tissu ne garde plus votre corps au chaud, ce qui peut conduire à l’hypothermie. »
La passion avant tout
Au total, quelque 70 soldats de différentes unités SOR parcourent les Alpes suisses près d’Andermatt pendant la période d’entraînement. A pied ou à skis, cela dépend des conditions. Lorsque je lui demande comment s’opère la sélection pour ce cours, il a son idée. « La passion de la montagne, sourit-il. Été ou hiver, ça n’a pas vraiment d’importance. »
Avalanches, hypothermie, chutes,… La montagne amène aussi du dangers et du stress. « Les stagiaires doivent être capables de vivre avec ça, dit Peter. Si vous ne vous sentez pas à l’aise ici, cela ne sert pas à grand-chose de participer. Il faut que ça vous convienne. »
Un dicton que l’on entend régulièrement chez les amateurs de montagne roule aussi sur les lèvres de Peter. « La préparation et les connaissances sont absolument indispensables mais – et Peter lève l’index – c’est la montagne qui décide en dernier ressort. »