Transfert de la plaque nominative du Godetia à la ville d’Ostende

Vendredi 2 juillet, la remise de la plaque nominative du Godetia s’est déroulée à bord du voilier Mercator, en face de l’hôtel de ville d’Ostende. Un moment émouvant, car il signifie l’adieu à une grande dame ayant fait partie de la Marine belge pendant 55 ans.

 

Dans son discours, Gianni Vangaever, commandant du navire, a expliqué comment le Godetia a constitué le fil rouge de sa propre carrière. Sa première fonction à bord a été celle de sous-officier pont. Par la suite, il y a passé quelque temps comme candidat officier pour finalement prendre le commandement en tant que dernier commandant pour une période de 19 mois. Il a remercié son équipage pour son accueil, son professionnalisme, son soutien et son amitié durant cette période difficile, le débarquement étant pratiquement impossible en raison de la pandémie. Cela a été particulièrement le cas lors de sa dernière mission, en tant que navire-amiral de SNMCMG1 (l’un des groupes de lutte contre les mines de l’OTAN).

 

Le commandant était très enthousiaste quant aux réalisations du navire. Au total, il a effectué près de 40 fois le tour du monde, avec de belles missions au profit de la formation, de MOST et de SNMCMG1.

 

Au final, c’est un adieu sentimental car il n’y a pas de succession, pas de nouveau commandant pour le ‘reprendre’, on laisse tout derrière soi. Le commandant Vangaever effectuera également le dernier voyage vers Gand. Il veut rendre les honneurs au bootsman Giovanucci qui a permis au navire d’être dans un état optimal lors de sa dernière entrée à Zeebruges. Le navire n’a jamais été aussi propre et étincelant au cours des dernières années. Il conclut par l’expression « Fair winds and following seas » et « Je porterai toujours l’équipage dans mon cœur ».

 

Ensuite, Bart Tommelein, bourgmestre d’Ostende, a pris la parole. Matelot-milicien Tommelein, comme il se nomme lui-même. Il porte la Marine dans son cœur et fait référence au nom du Godetia comme à une belle fleur qui apporte enthousiasme et positivité grâce à ses couleurs. Il a rendu hommage au navire pour ce qu’il a accompli, chassant les pirates, aidant les réfugiés de la mer, combattant les mines et apportant des biens ainsi que des équipements vitaux dans les endroits les plus reculés. Le bourgmestre a mentionné également que le Godetia a été le premier navire militaire entièrement construit en Belgique et dont la durée de vie prévue était de 30 ans, mais qui est finalement passée à 55 ans. Une histoire sur plusieurs générations. Il ne s’agissait pas d’une histoire de « Around the world in 80 days but 40 times ». Étant donné les bonnes relations entre la ville d’Ostende et la Marine depuis 75 ans, il a accepté avec fierté la plaque du Godetia. Il a pris congé en disant: « Elle est maintenant en fin de carrière, son nom sera honoré » avant d’ajouter qu’il accepterait volontiers de parrainer l’un des futurs nouveaux navires.

 

L’équipage, lui aussi, a ressenti une forte émotion. Le Coxswain Peter a connu trois périodes à bord du Godetia. En 1996-1997, il a effectué le dernier voyage de l’École Supérieure de Navigation d’Anvers (ESNA) en tant que technicien. Au cours de sa deuxième période (2008-2014), il était chef électricien et, au cours des 3 ½ dernières années, il a terminé sa période à bord en tant que chef d’équipage. Au cours de cette dernière période, il est monté à bord au chantier naval d’Anvers, a connu la sortie du navire, puis l’obtention d’une mention Very Satisfactory délivrée par MOST et enfin le retour à Zeebruges avec le navire dans un très bel état de propreté après sa dernière mission. Il se souvient de nombreuses missions, dont plusieurs pour former les jeunes et deux vers l’Afrique. Ce qu’il a trouvé très positif durant cette dernière période, c’est le bon mélange entre les membres d’équipage plus âgés et l’équipage plus jeune. Cet adieu lui fait un peu mal au cœur, car le Godetia était vraiment sa deuxième maison.

 

Le premier quartier-maître chef (1QC) Efrem conclut sa carrière avec deux périodes à bord. Sa première expérience s’est déroulée de 1994 à 1996. Cette période a été une période d’adaptation pour lui, car de ‘signaleur’, il est devenu radio-opérateur, ce qui l’a mis en contact avec la station radio pour la première fois. La deuxième période dure depuis sept ans et demi. Ce qu’il retient surtout, c’est qu’en étant de la « vieille école », il était toujours heureux d’enseigner à la nouvelle génération de ‘transmetteurs’ les astuces particulières du métier, notamment en ce qui concerne les pavillons et les lampes de signalisation (light morse). Les opérations telles que SNMCMG1, la formation des jeunes et la campagne d’aide aux réfugiés de la mer resteront toujours gravées dans sa mémoire. Le seul « inconvénient », conclut-il, c’est que la cuisine était bien trop délicieuse, comme en atteste son ventre.

 

Le quartier-maître (QMT) Marwane n’est dans la Marine que depuis environ cinq ans. Avant cela, il a été para de 2010 à 2016. C’est par l’intermédiaire de son ami Ben, qui était devenu marin, qu’il a connu la Marine. Après une courte réflexion, il a décidé de faire le changement de Force et ne s’en est pas encore plaint. Après une formation minimale, il a pu avoir un avant-goût de la mer lors du voyage du Godetia en Islande en 2016. Après le stage pont et des passages sur le Castor, le Pollux et le Louise Marie, il est finalement arrivé à bord du Godetia en 2018 en tant que matelot. Bien que les frégates aient constitué son premier choix, il ne regrette absolument rien. Il voulait voyager avant tout et les missions du Godetia lui ont permis de le faire. Cela lui ressemble plus, il peut prendre plus d’initiatives, s’il compare cela à la Composante Terre. La mission en Afrique est pour lui un souvenir positif, une expérience très instructive de par la visite de nombreux pays d’Afrique de l’Ouest. Il est également heureux d’avoir pu contribuer à la formation des élèves francophones à bord. Il admet qu’il ne regrette pas son changement de composante. Il aime la Marine. Cette dernière mission restera certainement gravée dans sa mémoire mais il regarde maintenant vers l’avenir, vers la promotion sociale, pour devenir à terme sous-officier.

 

Ce fut certainement un adieu digne de notre vieille dame, qui restera dans le cœur de beaucoup.

Luc Vermeersch

Jorn Urbain