Rencontrez la délégation belge pour les Jeux Invictus ’22 : partie 1
Après un report de deux ans en raison de la pandémie de coronavirus, les Jeux Invictus 2020 (Invictus Games 2020 ou IG20) auront lieu du 16 au 22 avril. Le champ de bataille de cette cinquième édition est la ville néerlandaise de La Haye. Pour la première fois, une délégation belge est également présente. Au cours des trois prochaines semaines, vous découvrirez chacun de nos participants. Dans cette première partie, nous vous présentons l’équipe qui sera en action pour le relais 4×100 mètres.
Le relais 4×100 mètres se déroulera au Zuiderpark de La Haye le lundi 18 avril. L’équipe belge est composée de quatre participants : Patrice Lombet donne le coup d’envoi et passe le bâton à Stefan ‘Wolf’ Wolput, qui est ensuite relayé par Thierry Dutrieux. Peter Caubergh participera au sprint final des 100 derniers mètres.
Patrice Lombet : « Moins je fais de sport, plus je suis malade »
Patrice est un officier des transmissions chez les Chasseurs Ardennais et une personne très sportive. Avant sa maladie, il était un passionné de course d’orientation et courait souvent dix kilomètres ou plus. « C’est en courant que j’ai senti que quelque chose n’allait pas. Mes jambes étaient très lourdes, mes mains et mes pieds étaient enflés et je ne pouvais plus faire d’effort. » Peu de temps après, Patrice a reçu un diagnostic de sclérodermie, une maladie auto-immune incurable. « Ma vie a soudainement semblé très différente », dit Patrice, tendu.
Là où le sport était autrefois de la pure relaxation, Patrice en a maintenant besoin pour garder ses poumons en bonne santé. « Sans sport, mes poumons se remplissent de saleté. Moins je fais de sport, plus je suis malade », explique-t-il.
« Je participe à quatre disciplines lors de l’IG20 : l’athlétisme, le cyclisme, la natation et l’aviron. Nous participons à cette dernière discipline avec l’équipe entière », dit-il fièrement. Avant la première semaine de stage, Patrice pouvait à peine marcher 100 mètres ; à la fin de la semaine, il courait 400 mètres. « Je suis extrêmement reconnaissant à la Défense d’avoir lancé ce projet. J’ai retrouvé ma confiance et j’ai trouvé la volonté d’aller de l’avant et de faire encore plus de progrès » s’enthousiasme Patrice. « Quoi que nous accomplissions là-bas à La Haye, nous sommes de toute façon des vainqueurs ! »
Stef ‘Wolf’ Wolput : « Le sport m’a rendu humain à nouveau»
Stef ‘Wolf’ Wolput est officier des opérations au 15ème Wing et est paralysé à la jambe. « En 2012, j’ai participé au semi-marathon de Bruxelles quand, après dix kilomètres, je n’avais soudainement plus le contrôle de ma jambe droite. » Peu de temps après, Stef ne pouvait plus bouger ses orteils. Un an plus tard, il était paralysé jusqu’à la hanche droite. « Heureusement, ma hanche s’est rétablie. De plus, je ne peux plus étirer les doigts de la main gauche », explique Stef. Il a consulté plusieurs neurologues mais n’a jamais reçu de diagnostic.
« J’ai eu du mal avec ça pendant longtemps. Ce n’est que lorsque j’ai pu accepter que cela ne s’améliorerait jamais que j’ai réellement commencé ma revalidation », dit-il. Pendant deux ans, ‘Wolf’ a travaillé dur pour pouvoir marcher et faire du vélo à nouveau.
Le sport est un fil conducteur dans la vie de Stef, avant et après la paralysie. « Ça m’a fait me sentir bien à nouveau. Je ne me considérais plus comme un humain, parce qu’il y avait une pièce qui ne fonctionnait plus. Le sport m’a rendu humain à nouveau » dit-il. « A cause de la paralysie, je suis plus fanatique », continue-t-il avec un grand sourire. « J’ai toujours voulu gravir une montagne de plus de 8.000 mètres. Un rêve auquel j’ai travaillé avant ma paralysie et que j’ai réalisé en 2017. »
Les Jeux Invictus sont donc très importants pour lui et sont un véritable moteur. « Bien sûr, j’espère obtenir une médaille. Participer juste pour le plaisir n’est pas pour moi, je suis trop compétitif pour ça. Je veux et j’irai de l’avant », sourit-il.
Thierry Dutrieux : un Thierry avant et un Thierry après l’amputation
Pour Thierry Dutrieux, 47 ans, l’armée était une véritable vocation. Après dix ans chez les parachutistes et douze ans dans les forces spéciales (SF), il a maintenant un travail administratif.
Lors d’une marche qui s’inscrivait dans le cadre d’un stage des forces spéciales, la fatalité a frappé. Il ne savait plus vraiment où il était et il est donc monté sur un pont de chemin de fer pour s’orienter. « Alors que je me tenais là, un train silencieux est soudainement sorti du tunnel. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour m’échapper à temps, mais la bretelle de mon arme a été saisie par le train », dit-il tendu. Après un moment de silence, il poursuit : « Je me souviens seulement d’être allongé sur le dos, le bras dans une position étrange en dessous de moi et d’une fracture ouverte de la jambe. »
Après l’opération, Thierry s’est réveillé sans son bras gauche. « C’était un coup dur. Je savais que je ne serais plus jamais opérateur chez les SF. » Il revalide depuis plus de deux ans. Deux années durant lesquelles un nouveau Thierry déterminé est né. Le tatouage sur son bras droit en est la preuve : Invictus.
« Je suis né en short et en T-shirt » dit Thierry avec un sourire. « J’ai fait beaucoup de sport quand j’étais enfant. Après l’accident, j’ai commencé à m’entraîner pour renforcer mon corps : la marche, le fitness puis le crossfit. » Lorsque Bernard Bolly (moteur du projet) lui a demandé de faire partie de la délégation belge d’IG20, il n’a pas hésité une seconde. « Depuis la pandémie, je me suis concentré sur l’athlétisme et le cyclisme. Et c’est ce pour quoi je continue à travailler avec le soutien de Bernard et de l’entraîneur, qui me motivent à m’améliorer pour que Paris devienne une réalité. »
Thierry espère non seulement briller à l’IG20, mais a un objectif plus élevé en tête : les Jeux Paralympiques de Paris en 2024.
Peter Caubergh : la vie ne s’arrête pas après une amputation
Peter Caubergh est médecin du travail au sein du 23ème Bataillon Médical. En 2008, il a fait une chute malheureuse lors d’une randonnée en montagne. Peter a été évacué avec une fracture ouverte de la jambe. Ce n’est qu’environ un an et demi plus tard que sa jambe gauche a été amputée en raison d’infections fréquentes et de poussées de fièvre. « L’amputation a été bénéfique. À partir de ce moment-là, je n’ai fait que m’améliorer, donc je n’ai pas eu de mal avec ça » explique Peter convaincu. « Je peux faire beaucoup avec ma prothèse ce qui me permet encore de réussir mes tests sportifs et même de faire des randonnées en montagne. »
En tant que jeune homme, Peter a déjà été coureur cycliste mais cela ne pouvait plus être combiné avec les études pour devenir médecin. Dans le cadre de la rééducation, il a recommencé à faire du sport. Étape par étape. « Une fois prêt, j’ai acheté un vélo et une prothèse adaptée. La compétition n’est apparue que grâce aux Jeux Invictus. Vous allez fixer vos objectifs et augmenter l’intensité de l’entraînement, puis vous êtes parti » dit Peter avec beaucoup d’enthousiasme.
Déterminé, Peter déclare : « Le sport a certainement un sens curatif. Mens sane in corpore sano. Grâce au sport, vous serez mentalement plus fort et vous vous sentirez mieux dans votre peau. Chacun de nous peut le confirmer. Avec sa participation à La Haye, Peter veut montrer que la vie ne s’arrête pas après une amputation. Mais l’esprit d’équipe est aussi très important pour lui et pour tous les autres membres de l’équipe. « Nous voulons tous faire bien. J’y crois, nous y croyons ».