Un vaste exercice d’évacuation militaire démontre la flexibilité belge
Du 13 au 24 mai, quelque 900 militaires des Composantes Terre, Air et Médicale organisent l’exercice majeur Storm Tide en Belgique (principalement dans le Hainaut) et en France. Sous la direction du Special Operations Regiment, ils s’entraînent à évacuer des ressortissants d’une zone de crise, en étroite collaboration avec le SPF Affaires étrangères et des partenaires internationaux. Mercredi 22 mai, dans le cadre de la Présidence belge du Conseil de l’UE, une démonstration a souligné l’engagement de la Belgique dans les opérations d’évacuation.
Une NEO (Non-Combatant Evacuation Operation) est une opération visant à évacuer des civils, en toute sécurité, depuis une région ou un pays instable. Cela s’est produit à plusieurs reprises dans le passé, comme en Afghanistan en 2021. Afin d’agir rapidement en cas de crise, de telles opérations nécessitent une coordination étroite entre les différents acteurs, avec ce qu’il faut de concertation politique : Défense, SPF Affaires étrangères, ambassades, etc. En situation réelle, le temps est en effet compté. Chacun doit donc connaître ses tâches spécifiques.
Gérer les restrictions
« Dans un contexte instable, plusieurs pays et acteurs sont souvent impliqués », explique le Colonel Linotte, commandant du Special Operations Regiment. « Il y a donc beaucoup de restrictions et de règles qui s’appliquent à une évacuation depuis un pays souverain. Nous devons également tenir compte de nos propres règles d’engagement. »
Les environs de Tournai, Mons, Ath et Chièvres constituent ces jours-ci un sacré terrain de jeu. De nombreux civils y sont évacués par la route ou par voie d’eau, puis transférés, notamment via des avions de transport A400M, vers Châlons-Vatry, dans le nord de la France. Quelque 600 étudiants du cours « Défense et sécurité » participent à l’exercice en tant que personnes fictivement évacuées.
« Ce type d’exercice est important pour renforcer notre interopérabilité », a déclaré le Chef de la Défense, l’Amiral Hofman. « Nous nous entraînons avec différents moyens, procédures et tactiques afin de mettre tout le monde sur la même longueur d’onde. Le scénario réaliste nous apprend à nous adapter à un environnement changeant. »
Belge, mais d’inspiration européenne
Si Storm Tide reste un exercice d’origine nationale, il n’hésite pas à prendre des accents européens pour souligner l’implication de la Belgique dans les opérations de sauvetage et d’évacuation (Rescue & Evacuation ou R&E) au niveau UE. « Mariniers » néerlandais, « pathfinders » (éclaireurs) britanniques, moyens aériens espagnols et français : un détachement de partenaires européens participe ainsi à l’exercice.
Bien que Storm Tide ne fasse pas partie du programme d’entraînement de l’UE, plusieurs points clés démontrent sa pertinence européenne. L’exercice illustre bien la manière dont une (future) capacité de déploiement rapide de l’UE pourrait entreprendre de telles opérations. La coopération est cruciale ici.
Coordination politique
Il en va de même de la consultation et de la coordination politiques nécessaires pour agir rapidement en cas de crise. Le passé récent montre que, souvent, les initiatives nationales et européennes de R&E sont mises en œuvre simultanément mais séparément.
On comprend mieux pourquoi plusieurs acteurs européens ont pris part, ce mercredi 22 mai, à un Distinguished Visitors Day. Etaient notamment présents le président du Comité politique et de sécurité (COPS) de l’Union européenne, le président du Comité militaire de l’Union européenne (CMUE), le Chef d’état-major de la Capacité de planification et de conduite militaires (CPCM) et le président de l’Agence européenne de Défense (AED). Les directeurs des différents centres de réaction aux crises (Crisis Response Centers) ont également participé à l’événement.
Si Storm Tide 24 présente les capacités belges en termes d’évacuation des ressortissants, notre pays participe également au développement d’une nouvelle capacité, européenne, rapidement déployable, visant à mettre les civils en sécurité lors de situations de crise (EU Rapid Deployment Capacity / Capacité de déploiement rapide de l’UE). Cette capacité devrait être pleinement opérationnelle d’ici 2025.