
Wood Snake : entre ligne de front et ligne de soins
La guerre évolue. Et avec elle, la manière dont les équipes médicales de la Défense travaillent et s’entraînent. C’est le fil conducteur de l’exercice Wood Snake, organisé à Bertrix et ses environs. « Ce ne sont pas seulement les unités de combat qui doivent se projeter mentalement dans le contexte de l’article 5. Nous aussi devons suivre le mouvement », explique Aurélie, commandant de la 7e Compagnie du 23e Bataillon Médical.
Au centre de l’exercice : le fonctionnement du Role 1, le premier échelon des soins médicaux en zone d’opérations. C’est ici que les blessés reçoivent un premier traitement complet après leur évacuation.
Pendant Wood Snake, les équipes médicales s’entraînent à la mise en place et à la mobilité de ces postes Role 1. Selon la menace ou la stabilité tactique, leur configuration change, allant d’un médecin avec un simple sac à dos (configuration 1) à un poste médical entièrement équipé (configuration 4).
Quand il faut se déplacer rapidement, on fait un jump : tout est démonté, conditionné, puis transféré le plus vite possible vers une zone plus sûre.
« Remballer et partir »
Sur le terrain, Jean-François, sous-officier et chef d’équipe d’une unité médicale de la 7e Compagnie, prend les commandes. Après plus de dix ans en unité de combat, il a choisi de rejoindre la Composante Médicale. « Je voulais avoir un impact plus large, pas seulement militaire, mais aussi humain. »
Dès qu’un blessé est signalé, son équipe doit réagir au plus vite. « Nous avons parfois peu d’informations, mais nous lançons immédiatement la planification de l’évacuation », raconte-t-il. « On détermine l’itinéraire, on vérifie les coordonnées et on se prépare. Nous restons en contact radio pour nous ajuster en route au besoin. »
Une fois sur place, les décisions doivent être prises très rapidement. « Parfois, il n’y a ni le temps ni la place pour des soins approfondis. Il faut remballer et filer. Pour cet exercice, le matériel disponible ne nous a , par exemple, pas permis d’arrêter complètement une hémorragie sévère. Un membre de l’équipe a dû se consacrer entièrement à la compression de la plaie. Cela limite nos capacités, mais cela sauve des vies. »
En tant que chef d’équipe, Jean-François veille au calme en dépit du chaos. « Je garde le contact avec le commandement, m’assure de la sécurité tactique et surveille mon équipe. Si quelqu’un perd le fil, je dois le remettre sur la bonne voie. »
Des tirs d’armes légères à l’attaque de drones
L’incident dans lequel Jean-François est intervenu concernait une victime de tirs à l’arme légère : un sniper avait touché un militaire. Mais Wood Snake va bien au-delà. « Nous nous entraînons aussi à des scénarios MASCAL, des incidents à victimes multiples comme on en voit en Ukraine », explique Aurélie.
Les attaques de drones et d’artillerie y sont monnaie courante, et sont donc aussi intégrées dans les scénarios réalistes pour les unités médicales. Lors d’une telle simulation MASCAL, il y a plus de victimes qu’une seule équipe médicale ne peut en prendre en charge.
« L’équipe qui arrive la première sur place doit effectuer rapidement un triage, en classant les victimes selon le degré d’urgence. Cela peut paraître dur, mais c’est essentiel pour sauver des vies. »
Même le positionnement des ambulances est pensé. « Elles ne sont pas stationnées sous les arbres par hasard, explique Aurélie. C’est un choix tactique. Sans couverture, on risque une nouvelle attaque de drone. Cela montre à quel point il est crucial que les équipes médicales continuent à s’adapter tactiquement et techniquement. »
La Composante Médicale en mouvement
Avec Wood Snake, la 7e Compagnie prouve que le soutien médical est plus que jamais une capacité opérationnelle à part entière. Le Role 1 n’est pas qu’un poste de secours statique, mais une ligne de vie tactique et flexible.









