Du colis au largage : comment la Défense prépare l’aide alimentaire pour Gaza

Les images de l’aide alimentaire larguée par parachute au-dessus de Gaza font le tour du monde. Ce que l’on ne voit pas, c’est le travail de précision qui les précède. Derrière chaque palette se cachent des heures de préparation, de savoir-faire et de coordination. Les spécialistes du ravitaillement aérien font tout pour rendre les colis prêts à être largués. Mesurer, empiler, fixer, contrôler : rien n’est laissé au hasard.

 

L’équipe RavAir, les spécialistes du ravitaillement aérien de la Défense, assume cette responsabilité pour les largages belges. Elle participe à l’opération humanitaire internationale Cerulean Skies 2, coordonnée par la Jordanie.

 

Tetris

 

Les colis — des boîtes contenant notamment des pâtes, du riz, du lait en poudre ou des conserves — sont fournis par la Jordan Hashemite Charity Organisation (JHCO). Dès qu’ils entrent dans le hangar, tout s’enclenche.

 

« C’est ce que nous appelons la partie Tetris », explique Marc, responsable de l’équipe RavAir. « On essaye d’assembler chaque colis de la façon la plus logique possible, en tenant compte du volume, du poids et de la stabilité. Tout doit être cohérent. »

 

Le RavAir porte la lourde responsabilité des charges qui tomberont depuis l’A400M : bien emballées, équilibrées, prêtes à être expulsées de la soute de l’avion.

 

Pas un centimètre cube perdu

 

La structure est toujours la même : d’abord une skid, une plaque de bois solide, puis une couche de honeycomb, un carton alvéolaire léger mais très résistant. Au-dessus, on attache la charge dans un harnais, que l’on coiffe d’une deuxième skid pour en renforcer la base. Ce n’est qu’ensuite que l’on empile les vivres proprement dits. La charge est montée avec soin, en couches de hauteur égale.

 

« Ici, ce sont des boîtes alimentaires de même poids et format, c’est plus simple », précise Marc. « Les espaces vides entre les boîtes sont comblés avec des conserves ou des sachets, pour ne rien perdre. Plus le centre de gravité est haut, plus la charge est instable à la sortie de l’appareil », poursuit-il. « Elle risque de pencher ou de tanguer, et le parachute pourrait mal s’ouvrir. On essaye donc de garder tout au plus bas. »

 

Le parachute lui-même n’est ajouté qu’à une étape ultérieure et arrive dans un emballage séparé. Tous les types de largage effectués par le RavAir — au-dessus de Gaza ou ailleurs — sont préalablement certifiés par le Test Board de la Défense. Pour chaque type, ce dernier réalise une série de tests. Une fois l’approbation obtenue, le RavAir est autorisé à appliquer la procédure.

 

Le largage

 

Quand Marc tend la dernière sangle, le colis est glissé dans la soute de l’A400M. « Le RavAir prépare les colis, charge l’avion et participe aussi au largage », dit-il. « J’ai moi-même mené le premier largage au-dessus de Gaza, et nos colis ont atterri là où il fallait. »

 

La Défense prévoit de poursuivre les largages humanitaires au-dessus de la bande de Gaza dans les semaines à venir.

Rein Van den Bergh

Jérusalem Destercke-Hock

Aude Ransbotijn