De seringues à fusils : plongée dans le camp des futurs médecins militaires

Avec des soins sous stress, des scénarios de guerre chimique et des nuits sans sommeil, 31 étudiants en médecine ont vécu deux semaines de formation intense, clôturées par un exercice de terrain de 72 heures à Marche-en-Famenne. Organisé par le 23ème Bataillon Médical, ce camp d’été forge les futurs officiers du Corps Technique Médical, bien loin des amphithéâtres universitaires.

 

Ce camp d’été est destiné aux étudiants en médecine de la Division Spéciale de l’École Royale Militaire (ERM). Pour intégrer cette filière, les candidats doivent réussir aussi bien l’examen d’entrée en médecine que les épreuves de sélection de la Défense. En parallèle de leurs études universitaires, ils suivent une formation militaire exigeante : initiation au commandement, cours de langue en vue du test de bilinguisme, exercices tactiques et médicaux.

 

Pour en savoir plus, découvrez la vidéo de Timna, étudiante à la Katholieke Universiteit Leuven (KUL), qui nous partage son quotidien, entre vie universitaire et engagement militaire.

Médecine de guerre et entraînement militaire

 

La première semaine de stage est une mise en condition progressive. « C’est une véritable boîte à outils », explique Aurélie, commandant de la 7ème Compagnie du 23ème Bataillon Médical. « On alterne entre séances de tir, techniques médicales, procédures de survie et cours théoriques sur les menaces CBRN (chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires). »

 

L’accent mis sur le module CBRN répond à un besoin opérationnel concret : peu abordée dans la formation classique, cette menace fait pourtant partie des risques bien réels sur le terrain. Parallèlement, les élèves ont été introduits à l’implémentation progressive du concept CaMo (Capacité Motorisée, interopérabilité des forces terrestres franco-belge). Ce nouveau cadre impose des doctrines communes, des procédures interopérables et des standards médicaux partagés.

 

72 heures sous tension

 

Après une semaine de préparation, les choses sérieuses commencent. Durant trois jours et trois nuits, sans pause, les étudiants participent à un exercice grandeur nature. Timna témoigne : « On a eu un exercice de lecture de cartes. À chaque point indiqué, un stand nous attendait pour effectuer des gestes médicaux. » Sur le terrain, les incidents s’enchaînent : brûlures, fractures ouvertes, attaques chimiques, et même des scénarios « MASCAL », soit un afflux massif de blessés, lorsque les ressources médicales sont dépassées.

 

Chaque blessé fictif suit un parcours réaliste, avec des complications possibles. « Un patient peut venir avec une fracture, puis un choc hémorragique, puis une infection. Les élèves doivent s’adapter en temps réel », précise Aurélie. Toutes les 24 heures, les rôles changent : soins en poste médical mobile, soins en équipes paramédicales mobiles, évacuation de blessés… De quoi apprendre à réagir vite, bien, et en équipe.

 

Les enseignements tirés du conflit en Ukraine ont d’ailleurs influencé directement cette édition 2025 du camp. Face à l’impossibilité d’évacuer rapidement les blessés, les étudiants ont dû apprendre à stabiliser un patient pendant 24 heures au poste médical mobile, soit une infrastructure médicale rudimentaire, contre deux heures habituellement prévues. Un entraînement appelé prolonged casualty care, devenu aujourd’hui essentiel.

 

Encadrement et transmission

 

Le camp a mobilisé 60 militaires et 15 coachs : d’anciens étudiants désormais en spécialisation, revenus pour encadrer les plus jeunes. « C’est une façon de garder le lien avec le terrain et de transmettre ce qu’on a appris », ajoute Aurélie.

 

Leur engagement était d’autant plus remarquable que plusieurs encadrants du 23ème Bataillon Médical participaient simultanément aux préparatifs du défilé du 21 juillet. Ils faisaient l’aller-retour entre Marche-en-Famenne et Peutie pour les répétitions.

 

Envie de suivre le parcours de Timna ou de rejoindre les rangs du Service Médical ? Rendez-vous sur le site de l’École Royale Militaire (Bienvenue à l’Ecole Royale Militaire | rma.ac.be) ou sur mil.be. Des opportunités existent aussi pour les diplômés ou spécialistes prêts à s’engager.

Willems Y.

Kevin Ysebaert

Clint Soete & Nathalie Mylle