Engins explosifs : exercices grandeur nature à Bourg-Léopold

Centre culturel, bibliothèque, piscine et même… bureau du bourgmestre : la commune de Bourg-Léopold s’est prêtée la semaine dernière à une panoplie d’exercices grandeur nature. De l’attaque terroriste à la menace CBRN, le Service d’Enlèvement et de Destruction des Engins Explosifs (SEDEE) a profité de l’occasion pour s’entraîner et réévaluer ses procédures. Reportage et décryptage.

 

Deux camions blancs se garent devant le centre culturel de Bourg-Léopold, attirant le regard des badauds. Des hommes en combinaison grise en descendent rapidement, masque sur le nez et bouteille d’oxygène sur le dos. Ils sont munis d’une série d’instruments : machine à rayons X, paire de ciseaux, lampe torche…

 

Sans perdre un instant, ils déchargent le matériel puis pénètrent dans le bâtiment pour entamer l’exercice prévu ce jour-là. Le briefing ? Un radicalisé a tiré dans la foule avant d’être neutralisé par la police. Soupçonnant la présence d’explosifs dans le sac à dos de l’agresseur, les forces de l’ordre ont fait appel au SEDEE.

 

Comme l’explique le capitaine Ruben Drijkoningen, trois équipes vont se succéder : « La première équipe (Initial Entry Party) établit une reconnaissance de la zone, dans le but de récolter un maximum d’informations sur le type de menaces qu’il va falloir traiter. Le rôle de la deuxième équipe (Working Party) est de neutraliser la menace (Render Safe procedure). Enfin, la Clean-Up team est chargée de décontaminer la zone. »

Figurants

 

Une fois à l’intérieur de la salle de concert, le démineur dresse ainsi l’état des lieux en mitraillant de photos tous les éléments sur son chemin. Mais après quelques pas, il découvre une personne blessée. Il procède alors promptement à son évacuation.

 

En fait, cinq figurants grimés représentent des victimes décédées dans les fauteuils. Un individu, avec du faux sang sur le visage, est également couché à plat ventre sur la scène – un sac menaçant sur le dos. Tous sont des apprentis secouristes du 23ème Bataillon Médical venus prêter main forte au SEDEE pour les besoins de l’exercice.

 

Au plus réaliste

 

Démineur constitue à n’en pas douter un métier à risque. Seule l’expérience permet d’apprendre et de se perfectionner. « À force de côtoyer les obus et les munitions conventionnelles, on finit par connaître les astuces en mesure de les désamorcer », explique le 1er caporal-chef Nico Pafras.

 

« On apprend à les tenir, les transporter et les faire exploser en toute sécurité », renchérit l’Adjudant-major Éric Volders. Avant d’ajouter : « Pour s’exercer, nous cherchons toujours à développer les scénarios les plus réalistes. De telle sorte que si l’un de ceux-ci se présente dans la réalité, l’équipe y aura déjà été confrontée. L’implication de figurants plutôt que de mannequins rend l’exercice beaucoup plus réaliste. Cela nous confronte à de nouveaux cas pratiques susceptibles d’améliorer nos processus. »

 

« Nous plaçons le poste de commandement en retrait de la zone », explique le capitaine Ruben Drijkoningen, en montrant l’installation. « Nous avisons les autorités des mesures de sécurité à respecter. En évaluant les zones d’impacts, du blast et des éclats, par rapport à la charge explosive contenue dans la bombe, nous déterminons le périmètre de sécurité nécessaire. »

Du stress… positif !

 

Entre les différentes formations (en Belgique comme à l’étranger), les permanences nécessaires pour couvrir le territoire national 24h sur 24h (en cas d’alerte à la bombe ou de terrorisme) et le stress propre aux opérations, le métier de démineur n’est certes pas de tout repos… « Il ne s’agit pourtant pas d’un stress négatif, » estime l’Adjudant-major Eric Volders, militaire depuis 28 ans. « Au contraire, c’est un stress positif qui aide à se concentrer sur les procédures, à se souvenir des gestes à effectuer et dans quel ordre. » Un collègue démineur confirme : « Quand je démine, je me sens calme et serein. »

 

Ce métier passionnant permet aussi de voyager. Autant pour des missions que pour des formations : Afghanistan, Liban, USA, Grèce, Kosovo, Bosnie, Mali,… Les échanges interarmées sont particulièrement nombreux dans ce domaine. Par exemple, l’armée tchèque accueille chaque année nos militaires pour une formation d’une semaine, et vice-versa. Ils ont pu expérimenter les exercices de cette semaine-ci.

 

Mais qui souhaite devenir démineur devra faire preuve de patience : il faut cinq ans d’ancienneté en tant que militaire avant de pouvoir se former. La formation de base dure dix mois. Il faut cinq à sept ans pour devenir leader. Et bien sûr, toute une vie pour devenir un véritable expert.

 

Plus d’infos sur le SEDEE :

LA DÉFENSE Votre futur. Notre mission. | La Défense (mil.be)

Yuki Willems

Steven Giraldo