Entraînement en terrain civil avec effets spéciaux : « Être mieux préparé aux menaces d’aujourd’hui »

Des drones qui attaquent, des explosifs qui se déclenchent et des poches de sang qui éclatent lorsque quelqu’un est touché : il n’y a rien de plus réaliste. La 22e Compagnie du 3e Bataillon de Parachutistes (Bn 3 Para) de Tielen a été la première unité belge à s’entraîner pendant deux semaines à Mahlwinkel, en Allemagne, sur un site qui était autrefois une base aérienne russe. Avec l’aide d’une entreprise allemande spécialisée dans la création d’effets spéciaux, ils ont cherché à reproduire un champ de bataille contemporain de la manière la plus réaliste possible.

 

C’est au petit matin que les militaires de la 22e Compagnie du Bn 3 Para prennent position. Il fait encore nuit, il pleut et un vent glacial souffle. Depuis la lisière de la forêt, ils ont une vue sur un poste de contrôle ennemi situé dans un complexe de bâtiments abandonnés, occupé par des militaires lourdement armés qui contrôlent la zone. Une voiture s’approche du poste de contrôle et alors qu’on l’incite à s’arrêter, elle continue sa route, des coups de feu sont tirés. La voiture s’arrête, la passagère est tirée de force hors du véhicule et incendiée, le conducteur est exécuté sans pitié. Le silence se fait à nouveau. Peu de temps après, nos para-commandos lancent l’attaque.

 

De conflits déséquilibrés aux conflits équilibrés

 

Cela aurait pu être une situation réelle, mais heureusement pour les militaires belges, ce n’était qu’un scénario d’entraînement. Du 29 janvier au 8 février, quelque 70 militaires de la 22e Compagnie du 3 Para se sont entraînés à Mahlwinkel, dans l’est de l’Allemagne. Principalement habitués aux conflits où un camp est beaucoup plus fort que l’autre, les para-commandos veulent se recentrer sur des situations où les deux camps sont équivalents en termes d’expérience et d’équipement. Grâce à leur entraînement, ils veulent mieux se préparer aux dangers liés à ce type de conflit.

 

« La première semaine a été consacrée aux techniques de base : tout ce qui relève de la tactique jusqu’au niveau du peloton », précise Jonas, le commandant de compagnie. « Ensuite, nous avons organisé un volet ‘Close Quarter Battle’, qui comprend tout ce qui concerne le combat dans un environnement urbain, et un volet ‘Mobility’, qui intègre l’utilisation des véhicules. Pour conclure, tout se termine par un grand exercice final. »

 

Un site d’actualité

 

Cet exercice final se déroule sur un terrain privé, qui a servi de base aérienne russe pour les hélicoptères pendant la guerre froide. Aujourd’hui, un propriétaire privé loue le site aux services militaires et de police à des fins d’entraînement. Ainsi, les bâtiments inoccupés et imposants de style soviétique au milieu de la forêt font immédiatement appel à l’imagination.

 

« C’est différent des camps militaires et des terrains que nous connaissons. Le style des bâtiments ici est typique de ceux d’Europe de l’Est, ce qui ajoute un certain réalisme. Il y a également de nombreuses possibilités d’entraînement, comme le forçage d’entrée avec des explosifs ou des outils mécaniques, permettant de détruire des portes pour forcer l’entrée. Nous avons la possibilité de mettre en place un exercice final très réaliste, avec le soutien d’une personne compétente en matière d’effets spéciaux. »

 

Effets spéciaux à la Hollywood

 

Ces effets spéciaux sont réalisés par une entreprise civile spécialisée. Le concept Train R.E.A.L. de la société allemande MG Action, qui possède des années d’expérience en matière de cascades et d’effets spéciaux à Hollywood, se concentre sur la formation des militaires et des unités spéciales chargées du maintien de l’ordre.

 

« L’idée est de travailler en étroite collaboration avec les instructeurs et de leur demander quel est l’objectif principal de l’entraînement », commente le fondateur de l’entreprise, Martin Goeres. « Dans ce scénario, nous utilisons différents effets : nous avons l’atmosphère générale du champ de bataille, il y a des tirs d’artillerie et des drones qui sont déployés pour mener des attaques. Ainsi, les participants ne savent jamais ce qui va se passer. Ils voient seulement que certains sont touchés ou qu’il y a des blessés, et ils doivent réagir en conséquence. »

 

Tester et renforcer la résilience mentale

 

En créant des scénarios ultraréalistes, les militaires du 3 Para sont exposés à des situations nouvelles et stressantes dans un environnement contrôlé. Les effets spéciaux visent à atteindre un niveau d’émotion différent, afin de tester et de renforcer la résilience mentale des participants.

 

« Nous voulons que les participants adoptent un état d’esprit différent », explique Jonas. « Leurs techniques et tactiques sont bonnes, mais cela ne met pas toujours en évidence l’aspect mental. Nous essayons maintenant d’intégrer cet aspect dans l’entraînement. Ils savent que quelque chose se prépare, mais ils ne savent pas quoi. Certains seront impressionnés, d’autres resteront peut-être figés. Mais cela les prépare mieux aux situations futures », conclut le commandant de compagnie.

Wilge Decraene

Adrien Muylaert

Clint Soete