Fin de la rotation anniversaire de la mission Baltic Air Policing (BAP)

Le 1er avril, à midi, les Belges ont symboliquement remis aux Espagnols la « clé » de la mission Baltic Air Policing (BAP) à Siauliai, en Lituanie. C’est ainsi que s’achève la 64e rotation de la mission de surveillance de l’espace aérien des trois États baltes qui vient de célébrer son 20ème anniversaire. Avec plus de 550 heures de vol et 19 interceptions (alpha-scrambles), la Belgique a une nouvelle fois démontré son engagement continu dans cette importante mission de l’OTAN.

 

« Attention please, tango scramble tango scramble tango scramble », résonne soudain dans la base. Immédiatement, tout le monde se plonge dans un état de concentration extrême. Les pompiers partent, les pilotes prennent leur casque et se précipitent vers la camionnette qui les conduira à leur avion. Ils montent à bord, on procède à un dernier contrôle technique avant de fermer le cockpit et c’est parti.

 

Cette « alerte de réaction rapide » (Quick Reaction Alert / QRA) permet de décoller dans un délai maximal de 15 minutes pour intercepter les engins potentiellement suspects ou les avions qui n’ont pas communiqué leur plan de vol. Cette fois-ci, il s’agit d’un exercice, mais dans le cas d’un vrai alpha scramble (interception), les choses sont nettement plus sérieuses.

 

24 heures sur 24, 7 jours sur 7

 

Quatre F-16, basés en Lituanie, ont permis aux quelque 70 militaires de la Composante Air de remplir leur mission de quatre mois (du 1er décembre 2023 au 1er avril 2024), en collaboration avec leurs collègues français. Le 2ème Wing Tactique de Florennes a assuré le commandement en décembre et janvier avant de passer le relai au 10ème Wing Tactique de Kleine-Brogel.

 

Sur le terrain, plusieurs équipes QRA se relaient pour assurer une permanence de 24 heures. Chaque équipe se compose de deux pilotes, deux chefs d’équipe, deux pompiers, un assistant opérationnel et un météorologue.

 

Le personnel de soutien provient notamment du 14ème Bataillon Médical, de l’Hôpital Militaire Reine Astrid, de la Police Pilitaire, du 1er Wing, du Wing Météo et du Control and Reporting Center (CRC).

 

Défense collective

 

Lors des exercices d’interventions (tango scrambles) ou durant les vols d’entraînement, les différents avions belges se battent entre eux ou avec d’autres nations. L’appui aérien rapproché (close air support) est ici d’une grande utilité. Par exemple, les Belges ont également effectué des vols d’entraînement avec la Finlande et la Suède, qui ont récemment rejoint l’OTAN.

 

Chef du Combined Air Operations Center de l’OTAN à Uedem (Allemagne), qui supervise les différents détachements BAP, le Général-major « Harry » a été le tout premier commandant BAP. Aujourd’hui, il souligne l’importance de la coopération internationale : « En Europe, la défense collective est assurément la seule manière de fonctionner. En observant la carte, vous voyez toute une série de pays relativement petits à moins d’une heure de vol l’un de l’autre. Cela n’a donc guère de sens, pour ces pays, d’essayer de protéger uniquement leur propre espace aérien. Avant même de s’en rendre compte, une cible se trouve déjà dans le pays voisin », explique-t-il. « Il faut donc adopter une approche collective. Mais comme un tel dispositif défensif n’est pas plus solide qu’en son maillon le plus faible, il faut garantir l’absence de toute faille. »

 

Retour dans les pays baltes

 

Certains Belges présents en 2024 étaient déjà là vingt ans plus tôt, certes dans un rôle différent. « À l’époque, je travaillais comme cell crash cart, alors qu’aujourd’hui, je m’occupe de ‘survie’, c’est-à-dire de l’équipement des pilotes », explique Paul. « A l’époque, il s’agissait pour nous d’une simple mission QRA comme les autres que nous avions l’habitude de mener en Belgique. Mais aujourd’hui, la situation géopolitique nous a rendu beaucoup plus conscients des raisons pour lesquels nous sommes ici. »

 

Avec le 20ème anniversaire de la mission et de nombreuses interceptions à l’actif de la rotation, le colonel « Blanky » est satisfait de ces quatre mois : « En tant que commandant de détachement, la mission a été très bonne, et l’une des plus faciles tant le détachement s’est montré très professionnel. Nous avons un bon mélange entre les personnes plus expérimentées et les plus jeunes, ce qui nous permet de nous entraider en cas de besoin. La période s’est déroulée sans problème majeur, je ne peux donc qu’être satisfait. »

 

Cette « end of mission » constitue donc une belle conclusion à 20 ans d’engagement belge au sein de cette mission essentielle de l’OTAN.

Bilitis Nijs

Adrien Muylaert

Nathalie Mylle