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SOST : la chirurgie avec de la poussière sur les dents
Dans un refuge isolé, quelque part au cœur d’une zone en crise, se trouve une salle d’opération improvisée. Oubliez les équipements modernes et les blocs opératoires ordonnés d’un hôpital classique : ici, tout repose sur l’adaptation et les moyens du bord, avec parfois pour seuls outils quelques sacs à dos remplis de matériel de survie. Chirurgien au sein de l’équipe chirurgicale des opérations spéciales de la Défense (Special Operations Surgical Team ou SOST), Rob (prénom d’emprunt) explique : « Nous sommes une équipe chirurgicale qui intervient en première ligne, avant les services médicaux militaires traditionnels, souvent au plus près des zones de conflit. »
Selon la procédure standard, un militaire blessé reçoit des soins de base avant d’être transféré vers un établissement bien équipé, doté de matériel sophistiqué et d’un personnel médical nombreux. En revanche, une équipe SOST opère tout autrement : elle est prête à intervenir chirurgicalement en moins de quinze minutes, quelles que soient les conditions.
« Notre équipe se compose de six personnes : un chirurgien, un infirmier en chirurgie, un anesthésiste, un infirmier anesthésiste, un assistant chirurgical et un chef d’équipe tactique. Ce dernier doit posséder une grande expérience, à la fois sur le plan médical et tactique », explique Rob.
Légèreté et hypermobilité
Le contraste avec les soins de santé militaires traditionnels est frappant. « Dans un hôpital, tout est à portée de main. Même dans un hôpital Role 2, vous disposez de bien plus de matériel. Pour notre part, nous travaillons parfois avec un maximum de cinq sacs à dos », explique Rob.
« Notre objectif est de pratiquer le damage control, c’est-à-dire de limiter les dégâts. Nous faisons le strict nécessaire pour sauver une vie. Par exemple, si nous devons retirer un poumon éclaté, dès que le patient est suffisamment stable, nous le transférons vers un établissement mieux équipé. »
Une sélection rigoureuse
Travailler au sein d’une telle équipe n’est pas donné à tout le monde. « Nous sélectionnons avec soin des personnes physiquement et mentalement capables de fonctionner dans un environnement exigeant comme celui des forces d’opérations spéciales (Special Operations Forces ou SOF) », explique le chirurgien.
« Il faut être prêt à être déployé dans les plus brefs délais, souvent au cœur d’une zone de conflit. La force ou l’endurance ne suffisent pas. Il faut avoir l’état d’esprit SOF : pouvez-vous garder votre sang-froid alors que tout s’effondre autour de vous ? Pouvez-vous improviser à -20 degrés Celsius, lorsque votre équipement vous lâche ou que vos batteries sont à plat ? Chez nous, le mot impossible n’existe pas. Nous devons toujours trouver une solution, même si elle est loin d’être idéale. »
Sortir des murs de l’hôpital
Pour certains médecins, travailler au sein d’une équipe SOST est exactement le défi qu’ils recherchent. « Je vois souvent des collègues avec des années d’expérience en milieu hospitalier qui souhaitent relever un nouveau défi », explique Sam (prénom d’emprunt), anesthésiste au sein de l’équipe SOST.
« Ici, ils trouvent cet équilibre : continuer à utiliser leur expertise médicale tout en étant actifs physiquement et tactiquement. On a vraiment un impact direct dans des situations où chaque seconde compte pour sauver une vie. Personnellement, je deviendrais fou si je devais passer une semaine entière enfermé entre les murs d’un hôpital ! »
Chaque seconde compte
Tous les membres de l’équipe SOST ont passé avec succès des journées de sélection éprouvantes, mais leur entraînement ne s’arrête pas là. L’équipe s’entraîne en continu, non seulement en interne, mais aussi avec les unités qu’elle soutient, comme le Groupe des forces spéciales et des unités étrangères. « Nous apprenons à connaître les forces et les faiblesses de chacun », explique Rob. « C’est ainsi que nous nous assurons d’être prêts pour ces moments critiques où chaque seconde compte. »
Si la vie d’un membre de la SOST est exigeante, elle est aussi profondément enrichissante. Une préparation physique rigoureuse, une résistance au stress et une volonté inébranlable d’excellence sont essentielles. Mais lorsque l’équipe parvient à sauver une vie dans les pires circonstances, elle sait exactement pourquoi elle fait ce qu’elle fait.
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