Sous-officier et directeur de l’exploitation technique

L’Adjudant-major Kristof le démontre : on peut être sous-officier et à la tête des formations dans un domaine stratégique en pleine évolution. C’est que Duif, comme on le surnomme, a su se forger un parcours exemplaire au sein de la Défense. Aujourd’hui, il est directeur de l’exploitation technique. Nous l’avons rencontré lors d’une formation intensive de trois semaines, conçue et supervisée par les Belges, les Néerlandais et les Allemands.

 

Duif se souvient de son entrée dans l’armée, en 1991 : « J’avais 16 ans et je voulais absolument m’engager. La Défense et l’école des sous-officiers de Zedelgem étaient la seule voie. » Recruté au sein du Bataillon des Carabiniers-Grenadiers (1C/1Gr), son unité de base, c’est bien plus tard, en 2014, qu’il découvre l’exploitation technique (ET). Ce qui commença comme une simple opportunité est rapidement devenu une passion.

 

« J’ai toujours travaillé au sein du 1C/1Gr. C’est par hasard que j’ai suivi mon premier cours WIT (Weapons Intelligence Team) », poursuit-il. « C’est là que tout a démarré. Nous avons commencé à collaborer avec des collègues néerlandais et allemands, ce qui a mené la Belgique à rejoindre l’initiative. »

 

WIT : une branche de l’exploitation technique

 

La WIT, pour Weapons Intelligence Team, est une aptitude essentielle qui a permis à Duif de s’épanouir au sein de l’ET. Aujourd’hui, il en est le directeur belge des formations, supervisant des équipes nationales et internationales lors d’exercices dans le domaine.

 

« L’exploitation technique consiste à examiner tout ce que nous trouvons sur le champ de bataille pour en extraire des informations précieuses, utilisables par nos forces », explique Duif. Un domaine qui regroupe plusieurs branches.

 

« L’équipe WIT se concentre principalement sur les IED (Improvised Explosive Device), les engins explosifs improvisés, tandis que l’équipe FET (Field Exploitation Team), l’équipe d’exploitation sur le terrain, analyse notamment les véhicules, les postes de commandement et autres systèmes d’armes conventionnels », souligne-t-il.

 

Formation : un tremplin vers de nouvelles opportunités

 

Le programme d’exploitation technique attire de nombreux jeunes militaires, comme Anna, une jeune officier tout juste promue de l’Ecole Royale Militaire. Elle raconte : « Cette formation m’a ouvert les yeux sur un domaine que je connaissais peu. Nous travaillons en équipe de cinq, de différentes nationalités, chacun apportant une expertise spécifique. Notre mission est de recueillir un maximum de données après un incident afin de les transmettre aux laboratoires pour une analyse approfondie. »

 

Duif ajoute : «Durant la formation, chaque équipe comprend quatre ou cinq personnes : un membre de la police militaire, un expert en renseignement, un spécialiste des manœuvres ou un membre du génie de combat, et le cinquième est un expert en explosifs. Ces compétences combinées permettent une exploitation optimale des informations collectées. »

 

Des sous-officiers en lead

 

John, Premier sergent et chef d’équipe, partage son expérience des trois semaines intenses : « Dès le premier jour de la formation, les fonctions de chacun sont bien définies. En tant que militaire d’infanterie et sous-officier, mon rôle est d’être chef d’équipe. Le policier militaire s’occupe principalement des photos et de la gestion des victimes, tandis que l’expert en explosifs décide ce qui peut être manipulé ou pas. »

 

Chacun a sa spécialité. « Tout ou presque était nouveau pour moi dans cette formation », poursuit John. « Il y a beaucoup d’informations à traiter avec des détails qui nécessitent une précision absolue. Ces trois semaines ont été extrêmement intenses, mais aussi très enrichissantes. »

 

Un enjeu stratégique dans un monde en mutation

 

L’exploitation technique prend une importance croissante face aux nouvelles menaces géopolitiques. « Les conflits actuels, notamment en Ukraine, montrent à quel point les technologies militaires évoluent rapidement », explique Duif. « Les drones et les nouveaux systèmes d’armes représentent des menaces que nous devons anticiper pour protéger la population. C’est là que l’ET intervient. C’est ce qui rend notre travail essentiel pour la sécurité des opérations. »

 

Dans un domaine qui ne cesse de se développer, la Belgique entend bien être à la pointe de l’innovation. Si vous êtes militaire, sachez que le prochain cours d’exploitation technique aura lieu en mars 2025. Et pour celles et ceux qui souhaiteraient s’engager dans une carrière passionnante et stratégique au sein de la Défense, rendez-vous sur le site www.mil.be.

Y. Willems

Adrien Muylaert

Clint Soete