Survivre en mer nécessite un entrainement intense

La Marine belge est saluée à l’échelle mondiale pour son excellence dans la lutte contre les mines, et ce n’est pas un hasard. Nous entretenons notre riche expérience en déminage en la pratiquant constamment. Le BNS Lobelia suit actuellement un programme d’entrainement en vue de son déploiement l’année prochaine.

 

Avant qu’un navire ne participe à une opération ou à un exercice, de nombreux aspects doivent être réglés. L’un d’eux est de suivre un programme de préparation, mettant l’équipage à l’épreuve et exigeant la réussite des contrôles appelés ‘Sea Acceptance and Readiness Checks’ (SARC).

 

Le BNS Lobelia suit actuellement ce programme, une période très intensive pour les marins à bord. Ils sont en train de tester le SARC4, qui met l’accent sur la lutte contre les catastrophes, la chasse aux mines et l’utilisation des systèmes d’armes. Mais avant de tester tout cela, le navire doit bien sûr pouvoir naviguer en toute sécurité.

 

« La barre ne répond plus »

 

Un chasseur de mines doit être capable de manœuvrer dans des eaux peu profondes, ce qui demande une concentration élevée. Pour s’exercer à cela, le navire doit naviguer de bouée en bouée, avec la précision nécessaire et ce, en toute condition. Lorsque la barre fait défaut pendant la simulation, on déclare que « la barre ne répond plus ». À ce moment-là, on passe à une barre manuelle, au lieu de la barre hydraulique habituelle. L’action a lieu sur la passerelle pendant de telles manœuvres, et la tension est parfois palpable. Chacun se concentre sur sa tâche et essaie d’accomplir la mission aussi bien que possible.

 

Le personnel, la priorité numéro 1 en temps de paix

 

Ce sont les militaires du MOST (MCMV Operational Sea Training) qui évaluent l’équipage tout au long du processus. Ils se concentrent principalement sur la sécurité du personnel et sur l’exécution correcte des procédures. De plus, la communication entre les différents postes est essentielle.

 

En effet, jusqu’au SARC4, l’accent est mis sur la sécurité interne, sans menace externe, et une grande attention est accordée à la sécurité du personnel. Ils doivent se protéger au mieux pendant une crise avec des équipements de protection individuelle tels que leurs combinaisons anti-flash.

 

Simuler un vrai incendie n’est pas possible à bord. Heureusement, les militaires ont déjà suivi une formation où de vrais incendies étaient à l’ordre du jour, et ils savent rapidement qu’ils doivent bien s’habiller pour éteindre un incendie. Pendant le scénario d’entraînement, ce n’est d’ailleurs pas seulement un petit feu : pendant qu’une équipe doit colmater une grande fuite pour éviter que le navire ne coule, une autre équipe doit s’assurer que tout le navire ne suffoque pas à cause de gaz nocifs. Une bonne coordination entre toutes les personnes est donc vitale.

 

SARC 5-6

 

Lors de ces exercices, la pression est progressivement augmentée. Une fois qu’il est assuré que le navire peut naviguer en toute sécurité et faire face à des catastrophes multiples, d’autres éléments sont ajoutés. C’est alors le moment d’utiliser tous les systèmes d’armes en même temps, comme la plongée et la chasse aux mines. N’imaginez pas que les incendies et les fuites s’arrêtent à ce moment-là : ils sont tous ajoutés à l’équation. Le niveau de stress à bord est mis à rude épreuve.

 

Finalement, le navire doit atteindre un niveau où il peut également faire face à des catastrophes externes, le mettant ainsi en situation de menace. Différents FIACs (Fast Incoming Attack Crafts) lancent alors une attaque, exposant l’équipage à des situations de crise sur tous les fronts.

 

Pendant le SARC 5-6, par exemple, il peut faire face à une simulation lors de laquelle le navire se trouve dans un champ de mines mais a également un incendie ou une fuite à bord. Les marins ne peuvent pas tout abandonner à ce moment-là, car ils fonctionnent toujours dans une zone dangereuse. La priorité est donc de sécuriser d’abord le navire avant de passer à d’autres actions.

 

Le travail d’équipe fait avancer le rêve

 

Tout au long de chacun de ces exercices, de bout en bout, la communication interne est extrêmement importante. Il s’agit de faire attention les uns aux autres et de se faire confiance pour agir correctement. À mesure que l’équipage apprend à se connaître davantage, tout se déroule plus facilement, surtout parce que chacun découvre où se situent ses capacités.

 

La mentalité actuelle joue parfois aussi un rôle dans la communication. De nos jours, les membres d’équipage interagissent plus facilement les uns avec les autres, mais lorsqu’il s’agit de lutte contre les catastrophes, la communication doit toujours être directive. Seulement après cela, tout le monde peut redevenir de bons amis.

 

En conclusion, l’entrainement intensif et les exercices continus de la Marine belge sont les pierres angulaires essentielles de sa reconnaissance mondiale dans la lutte contre les mines. Le programme de préparation progressive du BNS Lobelia illustre l’engagement envers la sécurité, le travail d’équipe et la communication efficace, des éléments cruciaux pour réussir les Sea Acceptance and Readiness Checks. Alors que le navire progresse pas à pas vers le SARC 5-6, non seulement la compétence interne est testée, mais aussi la capacité à faire face aux menaces externes.

Sten Maelfeyt

Jorn Urbain