Général Esser (Ressources humaines) : « Notre grande richesse, c’est la diversité des métiers »

Le lieutenant-général Thierry Esser a officiellement pris ses fonctions, en septembre, de directeur général des Ressources humaines. Si le marché du travail traverse une période globalement compliquée, la Défense dispose de sérieux atouts par rapport à ses concurrents. Le général a accepté de nous livrer sa vision en matière de recrutement.

 

Général, la nouvelle année de recrutement vient de commencer. Qu’y a-t-il au programme ?

« Nous sommes le plus grand recruteur de Belgique. Nous faisons donc partie du marché du travail, mais nous l’influençons également. Cette année, nous proposons pas moins de 4.000 emplois, toutes catégories confondues (militaires, réservistes et civils)*. Avec le nouveau matériel qui sera peu à peu mis en service, nous devons maintenir notre ambition et recruter, à partir de 2026, quelque 2.800 militaires actifs par an. Cela signifie que nous devons recevoir beaucoup de postulants. Nous nous concentrons désormais spécifiquement sur les jeunes qui entrent sur le marché du travail. Il y a là un grand potentiel. »

 

Comment répondre au ‘job hopping’ (c’est-à-dire le fait de changer fréquemment d’emploi) d’aujourd’hui ?

« Au même titre que n’importe quel employeur, nous devons apprendre à faire face à ce phénomène. Mais nous disposons d’un sérieux atout : nous offrons le plus large éventail de professions différentes. 50 % des Belges de moins de 30 ans qui ont un emploi déclarent vouloir changer de travail, mais pas nécessairement d’employeur. Nous pouvons répondre à cette demande, car c’est tout à fait possible ici. »

 

Quels défis nous attendent ces prochaines années ?

« Les ressources humaines sont les ressources les plus limitatives dans la croissance et le fonctionnement de la Défense. Aujourd’hui, nous regardons souvent à travers le prisme du ‘matériel’, ce qui est compréhensible après des années de coupes budgétaires. Mais, à partir de 2026-2027, lorsque les hangars seront remplis de matériel flambant neuf, nous aurons besoin de personnes formées capables de le faire fonctionner.

 

Si l’on peut acheter l’équipement, on doit convaincre les gens ! C’est un changement qui s’annonce. Nous devons valoriser suffisamment notre personnel. Il est soumis à une forte pression, mais des améliorations sont en cours. Le personnel civil offre une excellente solution à ce défi. Si nous sommes en progression, c’est notamment grâce au recrutement de cette catégorie de personnel. Possédant une expertise spécifique dans certains domaines, les civils constituent une aide précieuse aujourd’hui comme demain.

 

Nous avons également de grands projets en cours : le Quartier du Futur avec le rôle fondamental du pilier RH, des nouvelles infrastructures, la recherche et développement pour lesquels des investissements substantiels sont réalisés. »

 

Comment comptez-vous faire en sorte que les jeunes qui s’engagent à la Défense fassent le choix d’y rester ?

« Les abandons se constatent principalement au cours des 18 premiers mois. Cela se produit partout sur le marché du travail pendant les périodes de rodage. Mais ensuite, le taux d’abandon s’élève à 1,6 % à peine. »

 

L’analyse des entretiens de départ montre que pour certains, la transition de la vie civile à la vie militaire est trop brutale. Il faut donc se concentrer principalement sur l’abaissement du seuil entre la vie civile et la vie militaire. C’est une partie de la solution. Il ne s’agit pas d’abaisser le niveau, mais d’accroître l’intérêt du public pour la Défense à un stade plus précoce. Des initiatives telles que les cadets, l’option Défense, prévention et sécurité proposée dès la 4ème année de l’enseignement secondaire technique ainsi que les stages au sein des unités représentent déjà une évolution très positive. Le Service volontaire d’Utilité Collective y contribuera également. »

 

Depuis peu, des bacheliers techniques sont également recrutés sur base de leur diplôme. Ils reçoivent ensuite leur formation militaire au sein de la Défense. Cela semble une piste intéressante pour les jeunes. Quel est l’avantage pour les deux parties ?

« Les profils STEM (science, technology, engineering, mathematics, NDLR) sont très recherchés sur le marché du travail. Tout le monde les veut, mais personne ne sait comment les trouver.  Nous n’avons pas besoin d’entrer en concurrence avec d’autres employeurs. Nous avons besoin des mêmes personnes, alors unissons nos forces et attisons l’intérêt pour les STEM.

 

Pourquoi un mécanicien automobile viendrait-il à la Défense alors qu’il peut travailler dans un garage au coin de la rue ? Tout simplement parce qu’il est en premier lieu militaire, et technicien ensuite. C’est notre grande force. Un militaire doit pouvoir utiliser ses compétences techniques en toutes circonstances, y compris lorsqu’il doit se défendre, par exemple. »

 

Pour conclure, quel message adresseriez-vous à un jeune qui hésiterait encore à rejoindre nos rangs ?

« Un emploi à la Défense représente un défi personnel, mais a également beaucoup de sens socialement. En effet, vous contribuez à la sécurité de la population. Grâce aux nombreuses innovations technologiques, vous pouvez également travailler dans des conditions difficiles avec des équipements très modernes.  La résilience est extrêmement importante, comme nous l’a rappelé la Covid-19, et vous l’apprenez aussi à la Défense ! »

 

Merci général et bonne chance !

 

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4 010 emplois pour 2024

  • 2.500 militaires actifs
    • 300 officiers
    • 950 sous-officiers
    • 1.250 volontaires
  • 460 civils
    • 250 civils
    • 200 Rosettas
    • 10 contractants
  • 1 050 réservistes
    • Y compris 260 places pour les employés militaires locaux, NEETS inclus.

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Adrien Muylaert & DG StratCom