ISTAR : les yeux des Forward Land Forces en Lituanie
Depuis fin janvier 2024, quelque 147 militaires belges sont déployés près de Rukla, en Lituanie, pour la 15ème rotation du dispositif Forward Land Forces (FLF) de l’OTAN. Pendant six mois, le détachement belge, composé principalement de l’escadron multi-senseurs du Bataillon de Chasseurs à Cheval en tant que capacité ISTAR (Intelligence, Surveillance, Reconnaissance & Target Acquisition), s’entraîne et opère au sein d’un groupement tactique (battlegroup) international. Sa mission ? Dans le but de protéger le flanc Est du territoire de l’OTAN, mener des activités tactiques à des fins de dissuasion.
Armé d’une paire de MAG (Mitrailleuse d’Appui Général) et d’une minimi, le peloton de voltigeurs est à l’affût à l’orée de la forêt. Les militaires attendent de lancer une attaque sur le peloton de reconnaissance qui passera par la route adjacente. Lorsqu’ils l’ont en ligne de mire, les Voltigeurs ouvrent le feu.
Lors de l’exercice tactique de terrain Red Fallout, l’un des nombreux exercices prévus durant son déploiement en Lituanie, l’escadron du Bataillon de Chasseurs à Cheval s’entraîne pendant une semaine en terrain civil. Les pelotons jouent alternativement le rôle d’adversaires. « Il faut entraîner tous les aspects inattendus », explique le Lieutenant Sam, commandant de peloton des voltigeurs (infanterie légère). « A la fin, il y aura aussi un scénario CBRN pour nous entraîner à faire face aux menaces chimiques, biologiques, radiologiques et nucléaires. »
Belgian Recce Company
C’est la première fois qu’un escadron belge de reconnaissance participe à Forward Land Forces en Lituanie. Jusqu’à présent, d’autres nations se chargeaient de cette tâche tandis que la Belgique apportait son soutien avec ses bataillons d’infanterie.
« Nous sommes connus ici sous le nom de Belgian Recce Company », poursuit Sam. « Le groupement tactique (battlegroup) compte plusieurs compagnies de combat, pour lesquelles notre compagnie effectue des reconnaissances. Nous le faisons aussi pour la brigade lituanienne Iron Wolf, à laquelle appartient le groupement tactique. »
« Nous sommes notamment spécialisés dans la reconnaissance d’itinéraires. Il s’agit de voies que le groupement tactique pourrait emprunter pour mener une attaque. Nous pouvons également effectuer des repérages de zones ou surveiller des secteurs, afin de détecter tout mouvement de l’ennemi vers nos propres lignes. »
Trois spécialisations
Trois pelotons composent le détachement belge en Lituanie : le peloton de reconnaissance motorisé et le peloton de surveillance des champs de bataille (Battlefield Surveillance Radar), qui peuvent tous deux effectuer des reconnaissances, filtrer, surveiller, occuper et escorter.
Commandant du troisième peloton, celui des voltigeurs, Sam précise : « Nous disposons également d’une capacité offensive, qui nous permet d’attaquer des cibles potentielles derrière les lignes ennemies. Le détachement peut également déployer des drones, essentiels dans la guerre contemporaine. »
Entraînement en terrain civil
Le Bataillon de Chasseurs à Cheval s’exerce régulièrement sur des terrains civils, tant en Belgique qu’en Lituanie. Avec cependant quelques nuances. « En Belgique, l’urbanisation linéaire est beaucoup plus importante. Cela complique la reconnaissance car, faute de longues lignes de vue, voir en profondeur est difficile. En Lituanie, il y a de longs couloirs, ce qui signifie que les radars ont une meilleure visibilité en profondeur », explique le Capitaine Brecht.
« Par ailleurs, les véhicules s’enlisent plus rapidement car le sol est beaucoup plus marécageux. Mais la Lituanie est un pays plus grand que la Belgique et sa densité de population est beaucoup plus faible. On peut s’y déplacer plus rapidement et observer de loin. »
Des défis quotidiens
Pour de nombreux militaires, il s’agit de la première mission à l’étranger. « Etre loin de chez soi pendant une longue période représente un défi pour beaucoup. Il faut pouvoir vivre sans sa famille, son ou sa partenaire, ou ses enfants, pendant six mois. En outre, nous sommes occupés chaque jour à préparer les exercices, les entraînements, … Cela exige beaucoup de motivation mais elle est bien là », sourit Sam.
L’engagement belge sur le flanc Est de l’OTAN
Avec la participation, à cette 15ème rotation de FLF Lituanie, du Bataillon de Chasseurs à Cheval, d’un état-major intégré et d’autres unités de soutien, la Belgique réaffirme son engagement au sein de l’OTAN. En accomplissant des activités tactiques telles que des missions de reconnaissance, la collecte de renseignements ou des exercices conjoints avec des forces alliées, nous contribuons au système de dissuasion de l’Alliance et rassurons les Etats baltes.