La Marine au Bénin : former des formateurs
Des instructeurs de la Marine se rendent quatre fois par an à Cotonou, au Bénin, l’un des principaux ports d’Afrique de l’Ouest. Ils y forment les militaires locaux à la navigation opérationnelle en mer et aux techniques d’arraisonnement, en visant l’autonomie des « boarding teams ». Reportage.
Pendant quinze jours, ces instructeurs travaillent intensivement avec les boarding teams ou équipes d’arraisonnement béninoises. L’objectif ne se limite pas à transmettre des compétences opérationnelles, mais vise également à rendre les équipes capables de former de manière autonome les générations suivantes.
Pourquoi le Bénin ?
Avec un trafic annuel de douze millions de tonnes de marchandises, le port de Cotonou constitue une plaque tournante économique majeure pour le Bénin et ses pays voisins. De son côté, la Belgique entretient un lien économique particulier avec cette zone stratégique : près de la moitié des échanges commerciaux entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe transitent en effet par le port d’Anvers-Bruges.
« La présence de la Marine belge ici poursuit deux objectifs. D’une part, elle renforce la sécurité maritime et transfrontalière du Bénin, un élément essentiel dans la lutte contre la contrebande, la piraterie et la pêche illégale », explique le Colonel Cédric Billiet, attaché de Défense dans le pays. « D’autre part, en venant ici, nos militaires ont l’opportunité d’acquérir de l’expérience dans un environnement totalement différent. Ils découvrent la culture africaine, s’adaptent aux conditions tropicales et développent des compétences précieuses. »
Piraterie et contrebande
Bordant la côte du Bénin, le golfe de Guinée constitue l’une des routes maritimes les plus fréquentées au monde. Or, il fait face à d’importants défis, notamment la piraterie et la contrebande. En soutenant le renforcement de la marine béninoise, la Belgique joue un rôle indirect mais essentiel dans la stabilisation du transport maritime international et dans la sécurisation des routes commerciales majeures reliant l’Afrique à l’Europe.
« Le port de Cotonou est important, non seulement pour le Bénin, mais aussi pour nous en Europe », poursuit le Colonel Billiet. « Des biens essentiels sont exportés et importés depuis cette région. La sécurité ici signifie une chaîne d’approvisionnement plus fiable vers nos ports, tels qu’Anvers. »
Expertise en action
Les formations sont dirigées par la zone d’expertise (Expert Area) Schootsonderricht/Force Protection/Boarding de la Navy Acedemy belgo-néerlandaise.
« Nous sommes spécialisés dans la protection de la force et les opérations d’arraisonnement », explique Wesley, chef du service comme du détachement des instructeurs Boarding teams au Bénin. « Notre expertise comprend l’entraînement au tir, l’armement extérieur et le soutien médical dans les situations de combat. Nous formons également des équipes d’arraisonnement pour la flotte belge et dans le cadre de collaborations internationales. »
Les instructeurs belges adaptent leur méthodologie aux conditions locales. Wesley : « Nous enseignons à la Marine béninoise comment approcher les navires en toute sécurité, comment aborder les équipages suspects, quels documents doivent être vérifiés et comment soigner les blessés. Nos cours portent également sur la fouille des navires, à l’intérieur comme à l’extérieur, et sur les tactiques permettant d’opérer efficacement dans des situations difficiles. »
L’accent est placé sur l’autonomie. « Il ne s’agit pas seulement de former, mais aussi d’accompagner ceux que nous avons formés. Ils apprennent désormais à former leurs propres équipes, créant ainsi un impact durable qui perdure, même après notre départ. »
Impact et bénéfice mutuel
L’impact des formations est palpable. Cyril, fusilier marin béninois, témoigne : « J’ai appris à soigner les blessés, à neutraliser les équipages suspects et à perfectionner mes compétences en tir. Ces connaissances renforcent ma confiance dans mon travail. »
Les militaires belges tirent également des enseignements précieux de leur mission au Bénin. Le Colonel Billiet souligne : « Cette expérience est unique pour notre personnel. Les militaires évoluent dans un environnement totalement différent, avec des conditions tropicales et de nouveaux défis. Découvrir une autre culture et travailler avec une armée différente renforce leurs compétences et élargit leur perspective. »
La présence belge revêt également une importance stratégique plus large. « Notre coopération avec le Bénin est une pierre angulaire pour les futures opérations en Afrique», précise le Colonel Billiet. « Il est crucial de maintenir et de renforcer cette relation. »
L’avenir : sécurité et coopération
Depuis le lancement de la coopération maritime en 2011, et particulièrement depuis 2018, des progrès considérables ont été réalisés. Wesley note des avancées notables, tout en soulignant qu’il reste encore des domaines à améliorer : « Nous avons formé une équipe centrale de formateurs béninois, capables désormais de travailler de manière autonome. Ils accomplissent un excellent travail, mais nous continuons de les accompagner afin de perfectionner leurs méthodes. L’évolution est évidente, mais il subsiste encore des marges de progression. »
En soutenant le renforcement de la marine béninoise, la Belgique participe à la stabilité de la navigation internationale. Cette coopération illustre de manière concrète comment la Défense peut jouer un rôle clé dans des objectifs économiques et géopolitiques à plus large échelle.
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