Le Centre des Grands Brûlés au service de la population

Inauguré il y a plus de 40 ans, le Centre des Grands Brûlés de l’Hôpital Militaire Reine Astrid reste le théâtre d’une des spécialités emblématiques de la Défense au service de la population. Reportage.

 

Au 5ème étage de l’Hôpital Militaire, on découvre les infrastructures et l’organisation du Centre des Grands Brulés avec un premier élément frappant : le calme qui règne dans les couloirs. Les personnes hospitalisées ne manquent pourtant pas dans le service. Mais quel est leur profil ?

 

Enfants, travailleurs manuels, accidentés

 

« Le profil de notre patientèle est varié : nous avons de très jeunes enfants (de 1 à 3 ans en général) victimes d’accidents domestiques, mais nous avons aussi des profils manuels, victimes d’accident de travail ou encore des personnes sujettes à des problèmes psychiatriques ou dépendantes, vivant dans la pauvreté », explique le médecin colonel Bart Vanderheyden, chirurgien et chef du Département hospitalisation. « Tous nos patients ne viennent pas de Belgique, nous accueillons diverses nationalités : des Français, des Néerlandais, des Roumains, et nous avons récemment accueillis des Ukrainiens blessés lors des conflits. »

Les patients sont souvent lourdement touchés. Il s’agit souvent de personnes polytraumatisées, ayant des blessures ou des fractures, en plus des brûlures. Lorsque les patients arrivent avec des lésions sévères, ils sont placés en coma artificiel ou sédatés au service des soins intensifs afin de les soulager de la douleur.

 

BABI – Belgian Association for Burn Injuries

 

« Notre centre est responsable du plan catastrophe BABI (Belgian Association for Burn Injuries) », souligne son coordinateur, Patrick Persoons. « Nous sommes mandatés pour dispatcher les victimes de brûlures dans les différentes unités compétentes sur le territoire national. Nous connaissons en temps réel le nombre de lits disponibles dans tous les centres de grands brûlés en Belgique. Cela a été notamment très utile lors des attentats ou de l’incendie de la discothèque Colectiv en Roumanie. »

 

La force de la pluridisciplinarité

 

Des blessures telles que les brûlures nécessitent souvent différents spécialistes. Avec ses 108 infirmiers, 12 kinésithérapeutes, ses anesthésistes, chirurgiens, psychologues, assistantes sociales, brancardiers et même son personnel de nettoyage spécialisé, le centre s’appuie sur une belle pluridisciplinarité qui fait toute sa force, comme le souligne le médecin colonel Bart Vanderheyden.

Avec une capacité de 25 lits, le Centre des Grands Brulés comprend 7 départements : soins intensifs, medium care, soins ambulatoires, salle d’opération, clinique de jour, kinésithérapie / ergothérapie et cellule psycho-sociale.

« Actuellement, le personnel du service est composé à 85% de militaires, souvent des infirmiers recrutés sur diplôme, et 15% de civils », explique Patrick Persoons, coordinateur des soins infirmiers. « La pratique et le développement de cette compétence médicale est cruciale, car en plus d’aider notre population en Belgique, le personnel médical militaire est amené à être mobilisé dans des conflits et donc à être confronté à ce type de lésions corporelles tant sur des militaires que sur des civils. »

 

La vie d’après

 

Une fois les lésions soignées, il faut prendre en compte « l’après », la nouvelle vie des patients avec les conséquences que ces blessures impliquent.  C’est ainsi qu’on se rend compte de l’importance de chaque spécialité car, outre l’aspect technique médical comme la chirurgie, les kinésithérapeutes jouent un rôle crucial dans la récupération de la mobilité des patients.

 

Les psychologues travaillent aussi de concert sur la nouvelle image de soi et sur la gestion du choc d’un tel accident.  La commandante Cindy Schaeffer, psychologue depuis 6 ans dans le service, raconte : « Nous les accompagnons également d’un point de vue social et psychologique durant leur séjour chez nous mais la plupart du temps, ils ne viennent pas de Bruxelles ou même de Belgique. Dès lors, nous commençons le processus de guérison mais nous devons ensuite les aiguiller vers d’autres services comme un centre de revalidation par exemple afin d’assurer la continuité de la prise en charge tant physique, que sociale et psychologique. »

 

L’importance de l’interdisciplinarité ressort donc à travers le travail du Centre des Grands Brulés. Celle-ci constitue une valeur importante du travail à la Défense. Ce centre se place comme un acteur majeur, national et international, pour le rayonnement des différentes capacités médicales et militaires de la Défense.

 

Plus d’informations sur le Centre ? Consultez le site www.hopitalmilitaire.be

Aude Del Tedesco

Adrien Muylaert